Bamako les 16 et 17 octobre 2007

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Arrivée à Bamako à 23h30 en provenance de Ouagadougou sur un vol libien où les annonces sont faites en arabe. Les passagers sont de toutes les nationalités et à 18 C dans un avion climatisé on oublie pour un moment que l’on survole le continent africain. Awa, Marie-hélène et Isaack m’attendent à l’aéroport. Tous les trois ont fait l’effort de venir m’attendre malgré l’heure tardive. Je suis très touchée. Pas de baggages à attendre et nous sortons déjà dans la chaude nuit africaine. Tout le monde se lève le lendemain à 6 heures alors il est temps d’aller à l’hôtel Le Rabelais, où une chambre a été réservée. Awa nous conduit à travers la ville que j’aurais tellement aimé voir mais que je découvre de nuit. Marie-Hélène est épuisée après sa première journée de rentrée d’autant que les travaux ne sont pas terminés mais parait si heureuse d’avoir réalisé son rêve: la construction de son école. Merveilleux projet et une si belle réussite.

Les élèves de l’école de Sabatisso

Après une lutte acharnée contre quelques moustiques pendant la nuit -qu’ils ont gagnée haut la main, je retrouve Danièle Kintz dans le hall de l’hôtel. Danièle, anthropologue et linguiste, camarade de la section, sera ma guide pour la journée. J’ai vraiment beaucoup de chance.

Nous allons tout d’abord au centre de formation de Sabatisso, dans la banlieue de Bamako. Les enfants que nous retrouverons plus tard en classe s’amusent dans la cour de récréation. Tous nous saluent avec le même sourire et la même gentillesse que je retrouve partout. Ils viennent à l’école à pied des logements sociaux que nous avons vus le long de la route. Quelques petits magasins et un salon de coiffure auxquels je ne résiste pas tant ils sont coquets forment de belles tâches de couleurs.

Nous faisons le tour des classes afin de saluer enfants et professeurs avant d’aller rencontrer les apprentis du centre de formation qui construisent un nouveau bâtiment derrière l’école. Nous avons une longue discussion avec la responsable du centre, madame Djénéba Sissoko, ainsi que les apprentis. Parmi ces futurs employés du bâtiment il y a une jeune femme, mère de 4 enfants qui me dit vouloir faire quelque chose de sa vie. Elle est prête à apprendre un métier difficile afin de gagner sa vie et élever ses enfants. On se sent soudain rempli d’admiration devant un tel courage. Le travail de Djénéba Sissoko est remarquable. Elle s’est inspirée des problèmes que rencontrent les travailleurs immigrés en France et elle s’assure que les apprentis reçoivent la formation nécessaire dans des domaines porteurs afin de pouvoir travailler immédiatement après être qualifiés. Nous admirons quelques créations en poterie qu’ont réalisé d’autres jeunes en formation. Je repars avec deux jolis cadeaux.

Nous allons ensuite au centre médico-social. La Directrice du centre, Maryse Diarra, ainsi que la laborantine et les médecins nous parlent des problèmes qu’elles rencontrent. Trois suppressions de postes de recrutés locaux et la menace de perdre le bâtiment dans lequel le centre est hébergé sont leurs plus gros soucis. Le centre sauvent des vies. Il est bien équipé et permet de recevoir des urgences. Un VIE est attendu avec impatience. Si le centre pouvait rester encore 2 ans où il se trouve cela donnerait un peu de temps à ses dirigeants pour s’organiser avant la privatisation.

Danièle me propose de déjeuner près du fleuve. L’air y est moins étouffant qu’en ville et la vue est magnifique. Il est reposant de regarder les pêcheurs sur le fleuve après le bruit et les embouteillages de la ville. Danièle répond à mes questions avec beaucoup de patience. Elle me parle du Sahel et de l’immobilité du berger Peuls qui garde son troupeau perché sur une jambe pendant des heures. Je ne sais pas pourquoi mais je pense instantanément à Nicolas Sarkozy et combien son agitation ne passerait pas ici. Nous parlons de l’importance de la famille et des enfants. Je suis fascinée par l’élégance des femmes et leur féminité. Il règne un certain calme dont nous devrions bien nous inspirer en Europe. Et pourtant tout le monde vaque à ses occupations et la ville vie intensément.

Je vais ensuite voir Marianne, une jeune Française, qui a monté un atelier de bogolan. Tous ses employés sont des jeunes du quartier qui ne sont jamais vraiment allés à l’école mais qui, aujourd’hui, sont devenus de véritables artistes. Ils teigent puis assemblent des pans de tissus et créent de magnifiques pièces. Marianne prend l’avion du soir pour rentrer sur Paris où elle va présenter ses créations.

Fabrication d’une pièce en bogolan

Je retourne chercher Danièle et nous allons à la réunion de la section. Une quizaine de camarades sont là. Après les présentations j’ explique comment le vote pour la sénatoriale va se passer.Et puis, j’ai surtout en tête les discours que j’ai entendus la veille au colloque sur la démocratie et le développement en Afrique à Ouagadougou. Le débat s’engage au point où Isaack doit intervenir et remettre un peu d’ordre. Les avis sont variés et les questions intéressantes. La réunion se termine 2 heures plus tard par un buffet organisé par Marie-Hélène.

Retour à l’hôtel et son petit centre internet qui me rattache au forum et à la campagne. Dublin continue à travailler et des réponses doivent être données aux problèmes qui s’accumulent. Je rejoins finalement ma chambre et le bilan est que cette journée fut une belle journée dont le souvenir restera longtemps avec moi. J’ai vu et appris tant de choses. Trop d’un coup!

Rencontre le lendemain matin avec monsieur Guillon, sous-directeur du centre culturel français de Bamako. Il n’a que quelques minutes à m’accorder mais finalement me fait visiter tout le centre et je repars une heure après, impressionnée par tout ce que j’ai vu et entendu. Seule bibliothèque qui prête des livres sur la ville avec près de 30 000 ouvrages; 3000 inscrits à la médiathèque; salle de cinéma et théâtre pouvant asseoir 300 personnes; expositions, concerts; 1200 dossiers pour Campus France; coopération avec l’université. Je parle à des jeunes qui lisent, dans la cour, des journaux français. Il faut absolument protéger ces centres culturels, seuls liens avec la France.

La cour du Centre culturel de Bamako

Je passe à l’hôtel régler ma note avant de repartir pour l’aéroport. Air Burkina, dont le personnel volant est sud-africain, me ramène à Ouagadougou. Les autres passagers sont belges, américains, burkinabés, chinois et maliens. Il est impossible de noter les impressions et sensations que l’on ressent. Elles sont trop nombreuses. Tous les sens sont assaillis et il se passe tant de choses en si peu de temps. La sensation la plus forte vient des paroles échangées et des rencontres. La plus grande richesse de l’Afrique réside dans les hommes et les femmes qui l’habitent. Je crois étre tombée sous le charme d’un endroit fascinant. L’esprit d’entreprise de tous les gens que j’ai rencontrés; leur gentillesse et puis le temps qui a un autre rythme. Il est difficile de rester indifférent.


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