Division gauche-droite au sein du gouvernement

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Le projet controversé de loi sur l’immigration en France, voulu par Nicolas Sarkozy, suscite des critiques de plus en plus vives de la part des ministres issus de la gauche, marquant les limites de la politique «d’ouverture» du président français.

La secrétaire d’État à la politique de la Ville, Fadela Amara, a été la plus véhémente, jugeant «dégueulasse» qu’on «instrumentalise l’immigration» et répétant son opposition à un amendement instaurant la possibilité de tests ADN pour les candidats au regroupement familial. Cette déclaration a immédiatement suscité de vives critiques de la majorité de droite, dans ce qui constitue la plus sérieuse passe d’armes entre une personnalité de gauche et les députés de droite depuis la formation du gouvernement en mai.

La disposition sur les tests ADN, ainsi que celle excluant les immigrés sans papiers des centres d’hébergement d’urgence, sont au centre de la polémique suscitée par le projet de loi récemment en discussion au Parlement. Ce texte a suscité la désapprobation des personnalités d’«ouverture» ralliées par Nicolas Sarkozy, dont le chef de la diplomatie Bernard Kouchner et le Haut commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch. Le gouvernement comprend neuf ministres issus de la gauche et du centre.

Le secrétaire général du parti présidentiel UMP, Patrick Devedjian, a accusé Fadela Amara «d’injurier les députés de la majorité». Le député UMP François Goulard, par ailleurs opposé à l’amendement ADN, a été plus explicite, se demandant ce que Mme Amara «fait au sein du gouvernement». Cette opinion est évidemment partagée par les socialistes, dont le porte-parole à l’Assemblée nationale, André Vallini, a appelé Mme Amara à «pousser la logique jusqu’au bout et démissionner».

Les associations et l’opposition de gauche continuent de batailler contre la loi sur l’immigration. SOS Racisme, fort d’une pétition ayant déjà recueilli 120 000 signatures et que je vous invite à signer, appelle à une manifestation dimanche à Paris. La polémique augure mal de l’avenir de l’«ouverture» de M. Sarkozy. N’oublions pas que chef de l’État, qui a été élu sur un programme marqué à droite, a encore affirmé la semaine dernière vouloir poursuivre cette stratégie «d’ouverture» malgré des critiques dans son propre camp. Nicolas Sarkozy a défendu publiquement le texte sur l’immigration. Ne nous leurrons pas. Ce texte a été présenté en urgence au Parlement pour garder l’électorat qui a déserté le Front national de Jean-Marie Le Pen en vue des prochaines échéances électorales. Nicolas Sarkozy est prêt à tout pour gagner.


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