La Francophonie

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Qu’est-ce que la francophonie ?

Le mot est aujourd’hui entendu dans deux sens :

1. La Francophonie institutionnelle, de création récente (1970), incarnée par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui regroupe 53 états et gouvernements membres de plein droit, 2 membres associés et 13 observateurs répartis sur les cinq continents.

2. L’ensemble virtuel de tous ceux qui parlent français à un moment donné, hors de tout contexte politique. Quelques chiffres : – Le français est langue maternelle de 80 millions de locuteurs (11e rang ds le monde) – Il est langue seconde pour 100 millions de locuteurs. – Plus de 250 millions de personnes sont « capables d’utiliser occasionnellement le français ». – 82,5 millions de jeunes apprennent le français ou étudient en français à l’étranger, – 900 000 enseignants assurent cet enseignement.

A quoi sert la francophonie ?

1. La francophonie institutionnelle Elle permet l’expression de solidarités nouvelles. Non sans succès : elle enregistre de nombreuses demandes d’adhésions nouvelles, alors que certains pays déjà membres ne comptent qu’1% de francophones !. Elle mène une action politique en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme. Elle met en œuvre des actions de coopération multilatérale, conformément aux grandes missions tracées par chaque Sommet de la Francophonie. Cependant elle a des limites : elle ne dispose pas de moyens financiers significatifs et ses membres ne constituent pas un ensemble économique géographique ou organisationnel (à la différence du Commonwealth, qui réunit chaque année tous ses ministres des Finances).

2. La francophonie-langue française

Avec le développement des moyens de communication et l’apparition d’une société mondiale de l’information, la préservation de la diversité linguistique devient un enjeu capital de la diversité culturelle. Le français est bien placé pour incarner l’ambition de la diversité.

– Contrairement à ce qu’affirment certains libéraux anglo-saxons, il est de moins en moins sûr que l’on puisse faire confiance au marché pour assurer la diversité culturelle et linguistique, car il existe, sur le fond, un conflit entre efficience et diversité. Livré à lui-même, le marché conduit en général à la standardisation de la production. Or la culture, plus que toute autre « marchandise », a une dimension symbolique, rappelée récemment par la majorité des pays siégeant à l’Unesco, qui dépasse largement la valeur d’usage des biens et le poids des productions culturelles dans le PIB.

– Une langue universelle quasi obligatoire crée une infériorité de fait, dans les débats intellectuels et scientifiques, chez tous ceux dont ce n’est pas la langue native, ce qui peut conduire à une forme pernicieuse de stérilisation de la recherche. Un monoculturalisme serait préjudiciable à la longue aux capacités d’innovation des hommes et de surcroît rendrait la vie si triste et monotone qu’elle ne vaudrait plus guère la peine d’être vécue…

– On assiste donc dans le monde à un double mouvement paradoxal: le besoin d’une langue commune pour assurer une communication universelle rapide et permettre des économies de traduction, et le besoin d’identité exacerbé par les angoisses de la mondialisation et les phénomènes d’acculturation vers un modèle unique. Ce que Claude Hagège, en termes imagés, désigne comme la tension entre « la nostalgie de fusion » et « l’ivresse d’altérité ». Le français est sans doute à la confluence de ces deux élans contraires.

Quels sont les atouts du français ?

Le français cherchait sa place depuis une vingtaine d’années, après avoir enfin fait le deuil de sa prééminence culturelle et diplomatique ; il est en train de la trouver, en incarnant une alternative culturelle et politique, un mouvement d’idées, une certaine idée de la qualité de vie, une approche de l’environnement. – Dans certains secteurs essentiels pour l’avenir de l’humanité, il est fortement présent: médecine, océanographie, agriculture, mathématique, démographie, humanités, histoire… – Au 9ème rang des secondes langues parlées dans le monde, il demeure une des grandes langues de travail au sein des organisations internationales. – Des valeurs perçues comme particulièrement portées par le français « font retour », dans un monde menacé par la dérégulation et la force: droits de l’homme, contrat social, laïcité, dialogue interculturel, respect du droit international, diversité, solidarité sans domination, etc. La culture française apparaît comme un recours contre les extrémismes et les fondamentalismes, fussent-ils occidentaux ; – Des 2 langues qui ont la diffusion internationale la plus large, le français est celle qui n’a plus de vocation impériale : il ne fait pas peur. Ce n’est pas non plus une langue de contrainte : on y vient par goût ou par besoin spécifique;

Que faut-il faire ?

Nous devons cesser de parler de « défense » du français, ce qui confère à notre langue un aspect débile et exténué, et la range dans la classe des objets écologiques en voie de disparition, image désastreuse. Il faut être offensif, non défensif, affirmatif, non revendicatif. Le français doit apparaître comme l’alternative à l’anglais, dans une bonne relation avec lui. Nous devrions y être aidés par les anglophones eux-mêmes, pour lesquels le français reste la première langue vivante étrangère, et aussi parce que marcher de pair avec le français, leur permettrait de prévenir l’accusation d’impérialisme, de rouleau compresseur monolinguistique

Nous devons tenter de construire un véritable espace économique francophone, mais aussi, en France, offrir des formations commerciales systématiquement bilingues aux étudiants étrangers.

Nous devons nous affirmer comme l’autre grande langue internationale, avec cette nuance valorisante qu’elle est plus orientée vers la culture, les valeurs universelles, l’art de vivre, la réflexion sur l’environnement. C’est ce que beaucoup de gens sur la planète attendent de nous. Loin de toute arrogance, une affirmation heureuse et confiante.


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