A propos des médias et du devoir d’exceller

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La récente polémique autour de Jean-Luc Mélenchon et ses remarques  à un jeune journaliste un peu trop entreprenant à son goût en dit long sur la relation entre les médias et les politiques : la fébrilité est de mise des deux côtés. La course au scoop, au bon mot  prime pour les uns ; la peur pour les personnages en vue de déraper ou l’appétit d’en jouer pour certains est bien là pour tous.

 
A gauche comme à droite on peste contre la partialité des médias. Avec plus ou moins de virulence, on dénonce leur mauvaise foi, leur indulgence, leur férocité ou leur allégeance. Ségolène Royal y consacrait très justement une grande partie de sa contribution au dernier Congrès et c’est un élément important de son analyse de la campagne présidentielle. Il est vrai que l’influence des financiers proches de la droite au pouvoir, souvent liés intimement aux groupes de presse, est inquiétante et doit nous alerter. Mais la presse a-t-elle jamais été tendre avec les politiques ? Il est aussi du devoir des journalistes de mettre les politiques face à leurs erreurs et à leurs contradictions, à nous de juger s’ils ont raison. Je veux croire que la vérité finit toujours par transparaître.
 
Les débats passionnés entourant les propos de  Zemmour montrent que la France reste le pays de Voltaire où les polémistes, quels que soient leurs points de vue, continuent à séduire les esprits libres, prêts à entrer dans la bataille pour laisser à tous le droit d’exprimer des idées même dérangeantes. Si la critique de ses propos est juste, attention à ne pas tomber dans le « politiquement correct », ennemi du débat démocratique et du progrès intellectuel.
 
Les dogmes doivent être constamment bousculés, ne serait-ce que pour nous permettre à nous, socialistes, de réaffirmer nos valeurs, que les médias nous aident à véhiculer au sein de la société. La recherche du confort d’une parole consensuelle peut révéler les pires vices.  Le comédien Stéphane Guillon, au cœur de la tourmente pour ses attaques successives contre les ministres de l’Immigration et de l’Identité Nationale, participe aussi à sa manière au débat démocratique en maintenant les consciences éveillées au sujet de lois détestables qui trahissent les fondements de la République.
 
En Italie, suite aux élections régionales, on interroge la presse sur ses responsabilité s dans la victoire inattendue de Berlusconi et celle, inquiétante, de la Ligue du Nord. S’il est parfois difficile de faire face aux questionnements hostiles de certains journalistes, une presse trop indulgente n’est pas forcément non plus une alliée. En effet, La Repubblica ou L’Espresso, acquises à la gauche, ont tout misé depuis des mois sur la mise en cause de la personnalité de Berlusconi. Cette stratégie a été dénoncée comme du harcèlement par le principal intéressé, sans que cela ait véritablement servi les partis de gauche. Cette presse a peut-être aussi joué un rôle dans la présence médiatique du Président du Conseil, qui s’imposait déjà suffisamment (par décret) à la télévision, au lieu de donner une tribune à la gauche italienne et d’y présenter aux électeurs ce que ces partis leurs proposaient. C’est surtout l’image d’une gauche luttant contre ses divisions qui a été véhiculée, n’offrant pas une véritable alternative.
 
Tous ces exemples nous rappellent que les divisions et querelles internes, la critique systématique du pouvoir en place sans propositions ne nous rendent pas crédibles auprès d’un électorat qui attend un autre projet de société.
 

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