Un nuage de cendres nous rappelle que la nature a aussi son mot à dire.

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Depuis le mois de septembre je prends l’avion chaque semaine pour aller à Paris. Je me rends compte qu’un certain nombre d’Européens utilisent le transport aérien pour aller travailler comme d’autres prennent l’autobus ou le train. Une quinzaine de vols quotidiens relient l’Irlande à la France, sans compter les voyageurs qui transitent par l’Angleterre. Un nombre croissant de Français travaillent en Irlande auxquels viennent s’ajouter près de 400 000 touristes chaque année.

Depuis six jours aucun avion ne décolle ni n’arrive en Irlande. Nous nous rendons compte, que des milliers de personnes sont en fait bloquées. Rien de grave pour les deux, voire trois premiers jours mais les problèmes deviennent de plus en plus apparents, d’ordre financier tout d’abord dû à l’hébergement mais aussi d’ordre médical ou familial.

Une cellule de crise fonctionne depuis dimanche à l’ambassade. Tout le personnel a été réquisitionné pour recevoir les Français de plus en plus nombreux qui viennent au consulat et répondre au téléphone. La toute petite équipe de l’ambassade qui va du chauffeur au gendarme ainsi que tout le personnel consulaire assure la permanence. Nous avons fait appel aux associations afin de trouver des familles d’accueil, prêtes à loger pour quelques nuits les Français coincés à Dublin. Nous avons ouvert le gymnase du lycée pour deux groupes d’écoliers qui ont finalement préféré le confort d’une auberge de jeunesse où le consulat a négocié un tarif spécial. Trois hôtels nous ont aussi accordé un forfait préférentiel. Hier soir, lundi, deux autobus ont quitté Dublin avec à leur bord deux cents Français qui doivent rejoindre Paris ce soir vers 17h. Deux autres autobus partent ce soir. Il est toujours très difficile voire impossible de trouver une place sur les ferries.

L’Irlande exporte chaque jour pour 95 millions d’euros de fret. La relation avec l’Angleterre est toujours étroite et les échanges qui passaient principalement par les airs ( 30 vols par jour) se retrouvent concentrés sur le seul lien possible avec le continent qu’est la mer. On imagine alors facilement que la pression soit excessive et que nos pauvres touristes ne soient pas prioritaires. On comprend également que l’économie irlandaise, déjà en très mauvaise santé, n’avait pas besoin de ça. Aer Lingus et Ryanair perdent 5 millions d’euros par jour. La facture finale sera colossale.

Le principe de précaution qui a fermé la majorité des aéroports européens peut être critiqué mais que dirions-nous si des avions s’étaient écrasés entrainant des centaines de morts? Ce phénomène est suffisamment rare pour que nous n’ayons pas les données scientifiques ni l’expérience nous permettant de nous référer à des situations similaires dans le passé et prendre ainsi les décisions nécessaires. Voilà bien une opportunité pour l’Union européenne de mettre en commun des moyens pour une étude scientifique du phénomène et les réponses à lui apporter. Pourquoi attendre six jours pour organiser enfin une réunion des ministres des transports ? Si nous devons retenir une leçon il me semble qu’un temps de réaction plus rapide sera bienvenu à l’avenir.

 

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