Les retraites, le grand dossier social pour 2010

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Le constat est là. Le rallongement de l’espérance de vie et l’augmentation du nombre de retraités en comparaison au nombre de cotisants requière une remise à plat du système des retraites actuel. Il est impossible de justifier de repousser ce problème à demain. Il ne peut que s’aggraver, en particulier avec le départ en retraite des enfants du baby-boom de 1945 à 1976. La prise de conscience doit être générale, et elle doit s’accompagner d’une réflexion approfondie sur les solutions envisageables et sur des propositions pertinentes. Nous devons nous montrer force de propositions. Or de nombreuses idées reçues existent sur ces questions et empêchent toute possibilité de réforme. Pour lutter contre cela, il faut plus et mieux informer la société, de sorte que les réformes se fassent progressivement dans un réel climat de dialogue social et non de confrontation entre l’idée géniale dont seule notre président est capable et la mise en place d’un système moins complexe et plus performant.

Il est aussi intéressant de voir ce qui se fait dans les autres pays européens sur ce même sujet des retraites. D’autant plus que nombres d’entre eux, dont la Suède, l’Italie et l’Espagne ont déjà réussi à entreprendre une série de réformes à la fin des années 90 et au début des années 2000. Cela permettrait d’apporter au problème un nouvel éclairage, et peut-être des solutions pour la France.

Le système français repose essentiellement sur un système dit de répartition basé sur un régime de base et un régime complémentaire, tous deux obligatoires, permettant de calculer le montant des retraites. Ce système traduit une réelle solidarité intergénérationnelle (les actifs d’aujourd’hui cotisent et payent pour les retraités d’aujourd’hui). Ce système montre malheureusement aujourd’hui ses limites. Il peut être complété par un régime par capitalisation où chaque cotisant économise de l’argent sur son salaire dans un compte épargne géré par l’Etat. Mais celui-ci est peu populaire en France, trop fluctuant, trop aléatoire. Il est largement utilisé dans d’autres pays européens tels que la Suède, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique par exemple où il représente une part variable de la retraite touchée (de 2 % en Italie à 28 % au Royaume-Uni).

Passons à l’âge légal et l’âge effectif de départ en retraite. Il est pour l’instant à 60 ans en France pour les hommes comme pour les femmes, alors qu’il oscille autour de 65 ans dans les autres pays européens pour les deux sexes, avec un système de prime à ceux travaillant au-delà de l’âge légal et un système de contre-points pour ceux s’arrêtant avant. Néanmoins l’âge de départ en retraite effectif demeure généralement avant l’âge légal. L’allongement de la durée de cotisation, et donc le retardement de l’âge de départ à la retraite, est souvent énoncé comme une des solutions pour réduire la dette créée par le système des retraites. Curieuse solution lorsque l’on voit la part de chômage chez les 55-64 ans en France ! 30,3 % en 2000, 40 % en 2008 ! Pourquoi vouloir rallonger l’âge de départ à la retraite alors que les plus âgés peinent à retrouver du travail et que les moins de 25 ans ont du mal à en trouver ?

Le nombre d’années de cotisation nécessaire pour toucher à ces droits à la retraite diffère également entre les Etats européens où certains ouvrent des droits après un nombre très bas d’années de cotisation (15 ans au Portugal, 20 ans en Russie) alors que la moyenne européenne est à une quarantaine d’années de cotisation, tout comme le secteur privé français (le secteur public ne cotise que 37,5 années). De plus, en France, de nombreuses différences existent comme par exemple les 25 dernières années sont comptées dans le privé pour le calcul de leur pension au lieu des 6 derniers mois d’activité pour les fonctionnaires. Les régimes spéciaux qui vont de la SNCF aux fonctionnaires de la Cour des Comptes ont leurs propres spécificités. La multiplicité des régimes rend l’application d’une harmonisation des systèmes pratiquement impossible. Force est de constater que le système français des retraites est trop complexe pour que l’ensemble des cotisants français s’y retrouve et comprenne ce qui leur ait du puisqu’il n’existe pas un seul système de référence. Preuve en est que la majorité ignore que le montant de la retraite versée par le régime de base ne peut excéder en théorie la moitié d’un plafond de la Sécu (2 885 euros), alors que dans la pratique on se retrouve à 43 % maximum (1 240, 55 euros) de ce montant-là. « Une anomalie sur laquelle les syndicats qui gèrent la Sécu ne s’étendent guère »  [1]

L’information en la matière est limitée, et la mal-information entraîne les amalgames et empêche le dialogue social. Nous n’avons cependant pas le choix et nous devons nous attacher à ce que le système demeure viable pour les générations futures.

 

 

 

[1] Il s’agit d’un des « dix plus gros mensonges » sur les retraites repris et clarifiés par Laurence Allard dans un article du Point du 22 avril 2010.

 

Source Image: AFP


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