Je suis bônoise

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Je suis née à Bône, une jolie ville côtière algérienne qui s’appelle aujourd’hui Annaba et qui possède tous les charmes de la Méditerranée. Mes parents, jeunes mariés, y sont partis travailler pour une entreprise de bâtiment, chargée de construire des immeubles, grande tendance des années 60. Mon arrivée a perturbé leur projet et nous sommes rentrés en France quelques jours après ma naissance. Nous avons habité d’abord en Provence puis à Lyon où je suis allée à l’école primaire. J’ai bientôt quitté mon aire de jeu qu’était ma chambre et le balcon de notre appartement pour embrasser la liberté de vivre à la campagne. Dans une ferme appartenant à mes grands-parents, accompagnée de mes nombreux cousins, j’ai appris à connaitre les animaux, les senteurs de la terre, les récoltes qui ponctuent les saisons, les fruits que l’on cueille sur les arbres. Mes parents ont enfin construit leur maison et le retour dans la vallée du Rhône a coïncidé avec mon entrée au collège. J’étais fasciné par les mathématiques et ai naturellement rejoint la section scientifique au lycée. Comme mes camarades de classe je devais logiquement entrer en Maths Sup ou médecine après mon bac. Je décidai alors de m’inscrire en faculté de Lettres pour une année et rattraper ainsi un peu tout ce que je n’avais jamais eu le temps de faire. Je passais quelques nuits blanches avec mes anciens camarades de lycée pour les aider à réviser avant leur concours mais je profitai surtout de tous les modules qui étaient offerts dans ma faculté de Lettres, autant que du cinéma que je fréquentais assidument. Il restait cependant une lacune majeure à la fin de cette année qui était de ne pas parler anglais. Je passai mon examen d’allemand avec succès mais la langue de Shakespeare restait un mystère. Je décidai alors de partir comme au-pair avec une étudiante rencontrées sur les bancs d’un cours de linguistique qui était devenue une amie. Pendant un déjeuner, un jour de juin, nous avons choisi l’Irlande, au hasard, sur la carte du monde. En septembre de la même année nous nous retrouvions à l’aéroport d’Orly où je rencontrai le premier Irlandais de ma vie en la personne de monsieur Conway. Il me prêta son nom deux années plus tard.

Ainsi commença mon apprentissage de la vie active. Chargée de trois enfants en bas âge et d’une maison mes cours du soir étaient une échappatoire. J’y rencontrai des jeunes de tous les pays. Mon amie Dominique s’est retrouvée un dimanche soir chez moi après avoir refusé de repasser une dizaine de chemises pour le lendemain. Elle devait donc trouver du travail et un logement. Ce fut le cas quelques jours plus tard dans un restaurant et comme elle ne pouvait pas louer seule un logement j’ai quitté ma famille d’accueil. J’ai commencé à travailler dans une boutique de mode, et un tabac où j’ai très vite appris toutes les marques de cigarettes, chocolat et journaux. Il fallait payer le loyer, les cours et les sorties. Avec les cours du soir et les cours de Lyon II qui me parvenaient régulièrement pour me préparer à l’examen de fin d’année je ne me suis pas ennuyée.

Avec le temps, l’inscription en médecine paraissait de plus en plus difficile et, avec mon DEUG en poche, il ne me restait plus qu’une année pour obtenir une licence. Je décidai de m’inscrire et prospectai pour trouver un poste dans une école à Dublin puisque j’avais décidé de m’installer en Irlande. Je réussis ma licence en juin et commençai à enseigner en septembre. Avec une classe de jeunes filles qui, à un ou deux ans près avaient le même âge que moi, je débutai ma carrière dans l’enseignement. C’était il y a 29 ans.

 

Ma carrière

J’ai complété mes études supérieures par un Higher Diploma Education (équivalent CAPES) puis un Master en philosophie à Trinity College Dublin. J’ai ensuite passé le Ceard Teastas Gaeilge, diplôme d’irlandais obligatoire pour intégrer la fonction publique irlandaise. J’ai complété mes études par un Postgraduate Certificate in Management and Leadership de l’université d’Ulster.

J’ai débuté ma carrière dans l’enseignement secondaire avant de rejoindre l’enseignement supérieur en 1984. Mon parcours universitaire m’a permis d’acquérir une expérience internationale, avec notamment la création d’un réseau Tempus puis Erasmus pour le département de langues que je dirige au Dublin Institute of Technology et plus récemment l’ouverture de liens avec la Chine. J’enseigne la communication interculturelle à Paris1 Panthéon-Sorbonne à des étudiants de mastère de l’Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures en Tourisme et enfin je participe activement à la chaire Unesco « Culture, tourisme et développement » qui regroupe 21 pays.

 

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