Ballade irlandaise

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 L’histoire commence avec un pays pauvre. Famine, oppression du colonisateur anglais puis de l’église catholique, misère décrite dans « les cendres d’Angèle » nous donnent les paroles de la chanson, triste comme  le sont toujours les chansons irlandaises. Tout cela fait partie de la mémoire collective et de la réalité qu’ont vécue des générations d’Irlandais. Et puis, un jour, cette petite île que seuls les descendants de ceux qui l’ont quittée viennent découvrir ainsi, que quelques Européens  curieux, connait la prospérité. Elle est adulée par ses partenaires européens, montrée en exemple dans les journaux financiers du monde entier et elle devient un Eldorado qui attire des milliers de jeunes à la recherche d’un emploi. Le salaire minimum double en dix ans, les allocations et aides de toutes sortes augmentent, le chômage est un mauvais souvenir. Les banques encouragent et soutiennent les  dépenses. Elles prêtent sans garantie et les spéculateurs prennent de plus en plus de risques. Grisé par cette richesse soudaine qui est dépensée comme s’il n’y avait aucun lendemain le pays a tous les symptômes du nouveau riche qui ne sait pas gérer sa nouvelle fortune. Avec la même rapidité qui avait amené la richesse la bulle a soudain éclaté.  La crise financière qui suit entraine en quelques mois une crise économique pour déboucher sur une crise sociale. Le gouvernement, trop proche des milieux financiers, est lent à prendre les décisions nécessaires. Le peuple qui souffre, à qui on fait payer les erreurs de quelques-uns, a besoin de faire payer les coupables. En moins de six mois le Premier ministre n’a plus que 14% de soutien dans la population. Pourtant son parti est l’un des deux partis fondateurs de la République et est au pouvoir depuis des décennies. Il s’accroche au pouvoir et gagne une série de motions de défiance présentées au parlement et au sein de son propre parti. Si l’Irlande n’était pas une démocratie elle aurait connue la révolte du peuple comme l’ont connue la Tunisie et l’Egypte. Sa chute sera finalement provoquée par la révélation qu’il avait rencontré le directeur général d’Anglo Irish Bank deux semaines avant sa nationalisation. Depuis la nationalisation de cette banque l’Etat a versé 35 milliards d’euros, financés par les contribuables. Le salaire des fonctionnaires a été baissé de 15% en six mois. Le chômage est passé de 3 à 14,8% et on estime à près de 100 000 le nombre de jeunes qui vont quitter le pays.

Les leaders des cinq partis politiques qui espèrent gagner l’élection législative du 25 février débattent et présentent leurs programmes. Tous proposent de créer un environnement qui stimulera l’emploi, changera radicalement le parlement et réformera les institutions. Il est évident qu’ils ont tous pris la mesure de la crise et que les solutions pour en sortir ne peuvent être qu’impopulaires. Le courage politique n’est pas très visible quand ceux qui le pratiquent sont engagés dans  un jeu de séduction et les promesses restent vagues. Le srutin approche, les débats se terminent. Ils furent tous peu convaincants mais la démocratie donne l’espoir de lendemains meilleurs. On connait trop le présent pour lui offrir le mot de la fin. On terminera notre ballade en pensant que « Tomorrow is another day ! »


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