Entretien avec des représentants de l’UOSSM

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J’ai accueilli le 5 janvier dernier, en qualité de Secrétaire du Bureau de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et forces armées, dix-sept représentants de The Union of the Syrian Medical Relief Organizations (UOSSM). Il s’agit de la plus grande organisation médicale qui travaille en Syrie. Elle regroupe des médecins d’origine syrienne qui exercent aujourd’hui en Syrie ou à l’étranger.

Accompagnés du Professeur Raphaël Pitti, ils ont fait un point sur la situation humanitaire en Syrie et, plus particulièrement, sur les moyens dévolus à la médecine de guerre.

Sans ressources pour s’alimenter et se soigner, en proie aux attaques aériennes, plus de trois millions de Syriens ont quitté leur pays ; sept millions sont déplacés à l’intérieur du pays. Pour les membres de la délégation l’objectif qui doit être poursuivi par la communauté internationale est un objectif de fixation des populations. Ils attendent certes une aide militaire et alimentaire mais surtout un retour à une vie normale avec un accès aux soins notamment grâce à des hôpitaux qui fonctionnent. 

Si l’on dénombrait 2 200 médecins en Syrie avant la guerre, il ne reste aujourd’hui plus que 10% des personnels médicaux dans le pays. 80% des patients soignés à l’hôpital sont des civils. La mortalité post-opératoire est très élevée et la mortalité naturelle des civils a plus que doublé, d’après le ministère syrien de la Santé, compte tenu des insuffisances de l’accès aux soins. Un hôpital est bombardé chaque mois en moyenne. C’est pourquoi, il est primordial de soutenir l’effort médical en Syrie, en obtenant une interdiction de survol des zones où il y a une activité médicale mais aussi en répondant au besoin de formation qui est immense.

A ce jour et avec l’aide de la France principalement, l’UOSSM est parvenue à monter 12 dispensaires répartis sur l’ensemble du territoire. Ils ont formé plus de 3 000 infirmiers, secouristes et médecins et constitué un comité de soutien psychologique destiné notamment aux enfants témoins des bombardements. On estime en effet qu’un enfant syrien sur deux a besoin d’une aide psychologique ou d’un suivi psychiatrique et qu’un tiers des adolescents pris dans la spirale des violences de guerre risquent de s’engager à leur tour dans des milices.

Seule la France apporte une aide pérenne destinée au secteur médical à l’intérieur des frontières syriennes. Les autorités américaines, suisses, danoises ou japonaises et l’Union européenne ont déjà subventionné les organisations médicales agissant en Syrie, mais de façon ponctuelle.

La France peut être proactive et inciter d’autres pays à financer durablement les organisations médicales syriennes. L’aide internationale doit permettre de financer les salaires des personnels soignants ce qui n’est pas le cas actuellement. Sans ce soutien financier, la population médicale ne pourra être stabilisée et sans soins, les Syriens continueront à fuir leur pays. 


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