Grèce : le grand saut vers l’inconnu

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Les Grecs ont dit non à la politique d’austérité censée leur permettre de rembourser leurs créanciers, politique aux conséquences sociales désastreuses. Ils paient le prix de décennies d’irresponsabilité politique, de mensonges et de tricherie sur l’état véritable des finances publiques. La démagogie et la seule volonté de gagner le pouvoir ont entraîné le pays vers le délabrement économique qu’il connait aujourd’hui. Un certain fatalisme, que je connais bien, a poussé les Grecs à se débrouiller, à faire fonctionner le système D. Ils ont ainsi tenu tout en se rapprochant de l’exaspération. Et puis, en janvier dernier, ils ont fait confiance à un nouveau Premier ministre. D’abord parce qu’il leur redonnait espoir en leur présentant un projet mais surtout parce qu’il défendait leur fierté nationale. Alexis Tsipras a sorti son va-tout à la surprise générale et sans prévenir personne. Dans ce pays berceau de la démocratie pourtant en proie à une crise structurelle, un référendum a été organisé en 6 jours ; démonstration de la capacité des Grecs à rebondir. En même temps, si le coup politique est gagné -et Alexis Tsipras en sort plus fort sur le plan national- rien n’est moins sûr au niveau européen. Le silence des dirigeants suite à l’annonce du résultat est indicatif de l’embarras dans lequel la zone euro se trouve. Les marges de manoeuvre d’Angela Merkel sont très limitées par son parlement et son opinion publique plutôt sur une position morale. Le président Hollande soutient la Grèce depuis le début des négociations et continuera à tout faire pour que celle-ci ne sorte pas de la zone euro. Elle serait alors obligée de créer une nouvelle devise et la période serait dramatique pour son peuple. La France a un rôle clé à jouer pour que les négociations reprennent et débouchent sur un accord réaliste et applicable qui prenne en compte la situation sociale du pays. Il est trop tard pour demander plus au peuple grec. L’inaction et le manque de soutien aux gouvernements précédents y sont pour beaucoup dans la situation actuelle. Nicolas Sarkozy a beau jeu de parler de plans de sortie de crise, lui qui n’a rien proposé dans la période Merkozy. Il faut espérer que nous tirerons les leçons de nos manquements à la solidarité et qu’elle sera plus forte à l’avenir.

Dans cette situation inédite où il y a urgence de sortir la Grèce de l’asphyxie économique dans laquelle elle se trouve, il est nécessaire de s’inscrire dans la durée pour des réformes de fond. Il faut aussi limiter le "choc grec" sur les marchés pour ne pas affaiblir les frémissements de reprise dans l’UE et voir les peuples européens se tourner contre les Grecs. La BCE détient les clés économiques et la France les clés politiques. Espérons que nous saurons ouvrir les bonnes portes.


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