Mon explication de vote : non aux néonicotinoïdes

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 Je regrette profondément que la droite sénatoriale, majoritaire au sénat, n’ait pas confirmé le vote de l’Assemblée nationale interdisant l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes et se soit prononcée pour une diminution progressive de ces derniers sans fixer de date. Et pourtant il y a urgence. Les abeilles meurent et avec elles la pollinisation des arbres et des plantes est mise en danger. Notre écosystème est bouleversé par l’usage excessif de produits chimiques. J’aurais aimé que les sénateurs, proches de leurs territoires, soient plus sensibles à la santé de leurs concitoyens et de leurs enfants. Commercialisés par les géants de l’agrochimie, cette famille d’insecticides représente environ 40% du marché mondial. Ils sont utilisés en enrobage des semences par pulvérisation de manière préventive. Le produit toxique circule dans tout le système de la plante des feuilles au pollen ou nectar. L’effet délétère de ces substances fait l’objet d’un consensus scientifique. A la différence des autres insecticides, les néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux central des insectes. Ils altèrent en particulier leur sens de l’orientation, leur capacité d’apprentissage et fragilisent ainsi les colonies. Autre problème : il est estimé que 90% du produit contaminent durablement les sols et l’eau, 10% seulement en moyenne enrobent les semences. Son effet peut être envisagé sur de nombreuses années.

Avec Joël Labbé, sénateur du Morbihan, nous avons rencontré des scientifiques pour apprécier son impact environnemental. Au-delà de la nocivité avérée les quantités utilisées sont trop importantes. En effet, sa concentration est telle que de très faibles quantités devraient être appliquées. Or, si le volume global d’utilisation a diminué ces dernières années, les produits sont aujourd’hui dix fois plus puissants. Comme l’a très justement signalé un chercheur du CNRS, nous ne prenons pas des antibiotiques de septembre à mai en prévention d’un rhume. Pourquoi alors traiter les semences et les contaminer ainsi ?

Pour ces raisons et celle aussi de voir chaque année mourir toutes les ruches de mon père, je suis pour l’interdiction de ce type de pesticides. Je comprends la position du groupe socialiste qui a soutenu l’amendement de ma collègue Nicole Bonnefoy pour les nombreuses avancées qu’il comporte, malgré un recul sur la date butoir de l’interdiction totale en raison d’un sous-amendement adopté par la droite sénatoriale. J’espère néanmoins que l’Assemblée nationale reviendra au texte qu’elle a adopté en deuxième lecture qui prévoit l’’interdiction de ces produits à partir du 1er septembre 2018.

 


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