Débat en séance « violences sexuelles : aider les victimes à parler »

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Chaque année, en France, 84 000 femmes sont victimes de viols ou de tentatives de viol et seulement 10% d’entre elles portent plainte ; un viol sur cent seulement fait l’objet d’une condamnation.
Un homme sur 14 et une femme sur 5 déclarent avoir subi des violences sexuelles. En 2015, la moitié de ces victimes avait moins de 15 ans.
La loi du silence et le déni minorent hélas ce phénomène de masse et, comme l’a indiqué la Ministre Laurence Rossignol qui a conclu ce débat ce matin, il n’existe en fait aucune évaluation précise en France du nombre d’enfants victimes.
Or, selon l’OMS, le risque principal, après avoir subi des violences sexuelles, est d’en subir de nouveau. On parle du "continuum des violences" : les victimes sont sur-exposées à d’autres violences, à l’école ou plus tard ; le risque qu’elles adoptent un comportement violent envers  elles-même est également plus grand.

L’enjeu est donc de libérer et de recueillir leur parole avant de les prendre efficacement en charge. La tâche est difficile : un grand nombre de violences ont lieu dans la sphère familiale et sont de fait complètement taboues ; lorsque la victime s’exprime, elle encourt le risque d’être accusée du diffamation. La formation des professionnels est sans doute à améliorer et à soutenir davantage financièrement car de nombreuses victimes s’accordent à dire qu’elles auraient parlé plus tôt si on leur avait simplement posé la question, à un moment donné, dans la cadre médical.

Laurence Rossignol a rappelé les trois objectifs du gouvernement : faciliter le dépôt de plainte, faciliter le recueil des preuves et travailler sur le délai de prescription des viols commis sur les mineurs. Sur cette question particulière, nous seront attentifs au rapport qui sera rendu au mois de mars par Flavie Flamant et le magistrat Jacques Calmettes. Je pense pour ma part que, sans aller jusqu’à voter l’imprescriptibilité, nous pouvons progresser pour rendre justice aux victimes dont la parole se libère parfois au delà des 20 ans prévus dans la loi actuelle.


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