Déplacement en Jordanie

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Invitée par la CCI France Jordanie, le club d’affaires franco-jordanien, l’institut de prospective économique du Monde CAFRAJ, IPEMED et le UN Women, j’ai pu, durant quelques jours, poursuivre à Amman les travaux auxquels j’ai été associée à New York. Le thème de notre réunion était celui de l’autonomisation financière des femmes ("women’s socio economic empowerment – breaking through the barriers") dont on sait ce qu’elle conditionne quant à la liberté individuelle, sociale et professionnelle. Les tables rondes ont réuni de nombreuses femmes – et quelques hommes – venus d’horizons divers pour témoigner et partager leurs travaux et expériences. L’occasion de rappeler qu’il a fallu, en France, attendre 1946 pour que soit supprimée la notion de « salaire féminin » et 1965 pour que les femmes puissent disposer d’un chéquier et dépenser l’argent du foyer sans l’autorisation de leur mari ! Ce faisant, les analyses se recoupent quel que soit le pays d’origine d’une situation qui semble cependant empirer avec le temps. La prise de conscience de la menace de possibles reculs des droits durement acquis tout autant que le rôle que doit jouer dans le développement du monde la moitié de l’humanité représentée par les femmes étaient unanimes. L’occasion aussi de revenir avec Elisabeth Guigou, Patricia Elias Smida, Reem Badran et Haifa Najjar sur le rôle des femmes en politique. J’aurais tant aimé débattre avec Viviane Reding et Françoise Giroud !

Présente en Jordanie, j’ai profité de ce séjour pour revoir le lycée français d’Amman que j’avais inauguré en 2013 et son équipe dynamique de professeurs, parents et élèves qui le font vivre, en compagnie de Sophie Bel (COCAC). Nous avons évoqué le développement nécessaire du primaire avec son directeur afin que l’établissement atteigne sa capacité maximale et s’impose dans l’offre éducative locale comme un établissement international qui se distingue des autres par le trilinguisme offert aux familles sur des sites où de gros travaux de sécurité ont été effectués.


La conférence coïncidait avec le 28ème sommet des leaders arabes. Cela nous a permis d’échanger avec Nasser Lozi, ancien ministre et président de la commission des Affaires étrangères du Sénat jordanien, sur la situation sécuritaire et économique du pays, le conflit israélo-palestinien et la nouvelle politique étrangère des Etats-Unis. Cet échange a été complété par un entretien avec la sénatrice Haifa Najjar qui nous a ouvert avec Danièle Bousquet, le soir, l’école Ahliyyah qu’elle dirige pour y parler éducation, notamment des filles, avec ses mille élèves et son taux de réussite au baccalauréat international de 100% et son école Bishop pour six cent garçons. Elle travaille à la fusion des deux pour en faire une école mixte ; démarche symbolique que je partage ayant encore une fois à l’esprit que la mixité scolaire ne s’est généralisée en France que dans les années soixante !

J’ai également fait le point avec notre ambassadeur David Bertolotti sur les principaux dossiers du poste puis, entre deux tables rondes, avec la consule Chantal Tirouche et la conseillère consulaire Laurence Ledger pour aborder les questions plus spécifiques d’éducation, de santé, couverture sociale et retraite qui concernent directement nos compatriotes.

 

Enfin, et avec une émotion réelle, j’ai pu de nouveau après ma première visite en 2013, me rendre dans le camp de réfugiés de Zaatari quatre ans plus tard. Les containers ont remplacé les tentes, les « Champs- Elysées » sont toujours là mais la rue est plus longue et le camp avec ses 80 000 réfugiés est aujourd’hui le deuxième camp dans le monde. La frontière syrienne est à 20 kilomètres, assez près pour entendre les bombardements. Les femmes élèvent seules leurs enfants dans une famille sur cinq. Vingt neuf écoles scolarisent plus de cinq mille jeunes; trois hôpitaux et neuf cliniques assurent les soins de ceux qui restent dans le camp car ils sont estimés à près d’un million quatre cent mille sur le territoire jordanien. Si la situation est plus calme aujourd’hui que lors de ma dernière visite. J’ai cependant été frappée par la présence de nombreuses mosquées construites par l’Arabie Saoudite ainsi que par les femmes qui portent désormais le voile intégral, ce qui n’était pas le cas il y a quatre ans. Liberté et autonomie des femmes disions-nous ? J’ai enfin eu le bonheur de voir que les kit de coiffure que j’avais apportés ont été mis à bon usage puisqu’un salon de coiffure/ centre de formation a été ouvert. L’atelier de fabrication de vêtements pour enfants s’est agrandi. Moment émouvant qui rappelle que la vie s’impose quelles que soient les conditions !!

 

 


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