Retour au Mali

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Certes, l’hippopotame représenté balle au pied sur le boulevard de l’Indépendance ne vaut pas celui de la place centrale de Bafoulabé. Il n’en reste pas moins l’une des plus belles légendes mandingues, celle de Mali Sadio où l’animal est présenté comme une force tranquille et bienveillante. "Une force tranquille et bienveillante". C’est exactement cela que représente le Mali pour moi, séjours après séjours dans ce pays qui me surprend et me fascine.

Au-delà de la mission et des rencontres qui me permettent de mieux appréhender la situation d’un Etat dont la stabilité et le développement nous intéressent, j’ai eu le grand bonheur d’assister à la remise de l’Ordre national du mérite à une grande dame, Elizabeth Kanoute pour marquer son engagement auprès de la communauté française. Les symboles ne tiennent pas à grand-chose mais je sais la vie de dévouement et de générosité que consacrent ces quelques centimètres de ruban bleu. "Une force bienveillante".  Une force aussi en la personne de Marie-Hélène Beye, femme de conviction qui a tant donné à nos compatriotes installés au Mali. J’ai vu, années après années, comment elle s’est engagée dans l’éducation avec ce désir d’offrir un horizon nouveau et permettre à tous de se réaliser. "Une force tranquille". L’engagement sans faille de ces deux femmes est une source d’inspiration pour nous tous. Leur humanité et leurs contributions dans le domaine de la santé et de l’éducation sont exemplaires.

Ayant à l’esprit les réflexions de la commission de la défense du Sénat et les briefs de mes déplacements précédents avec le Ministre de la défense dans la BSS, j’ai fait le point avec notre attaché de défense et de sécurité, Monsieur Scapin, sur l’avancement des missions de coopération structurelle, opérationnelle et formation de spécialistes. Nous avons aussi évoqué la lutte antiterroriste et les questions de migrations et de trafics. Les progrès sont encourageants et l’implication encore modeste d’autres pays, notamment européens, accélère et soutient les efforts faits par les autorités maliennes. Les défis restent cependant immenses. Mon long entretien avec notre Ambassadrice, Evelyne Decorps, a confirmé ce tableau très clair et précis de la situation, tableau d’autant plus riche que sa présence antérieure au Tchad lui permet, plus qu’à d’autres, d’appréhender la situation au niveau régional. La rencontre autour de notre ambassadrice et notre consule générale avec nos conseillers consulaires Hélène N’Diaye, Guy Sukho et Michel Darwiche ainsi que les présidentes d’association Anna Fatoumata Maiga et Valerie Beilvert, la directrice de l’Institut Français, Madame Micaelli-Mulhlolland, le président de l’APE Aly Sayegh et René Randrianja nous a permis d’aborder tous les sujets dont celui central de l’éducation.  Si le Mali possède en effet l’un des taux de fécondité les plus élevés au monde avec plus de six enfants par femme, il souffre aussi d’un solde migratoire négatif de 5% par an. Or la jeunesse malienne ne doit pas seulement, par leur manque d’opportunités locales, alimenter les filières migratoires. Elle doit aussi être une chance pour ce pays pour peu que l’éducation lui permette effectivement de trouver sa place dans une société en construction.

J’ai enchainé par une rencontre avec les représentants du monde économique dont l’implantation au Mali et la connaissance qu’ils en ont font d’eux des acteurs incontournables. Monsieur Serge Lepoultier, tous importants employeurs sur le marché local, observateurs avertis des tendances, notent le ralentissement de l’activité due en partie aux questions sécuritaires mais surtout politiques. Je remercie pour leurs présences, Messieurs Agbanrin, Grand, Mezine et Orts-Brotons. Dans ce pays aussi, les perspectives présidentielles affectent l’économie. Beaucoup pensent que cette élection, en 2018, sera sans surprise mais les dernières élections en France ou aux USA ont prouvé le contraire. Le directeur de l’AFD, Monsieur Collange, nous a donné le contexte et le cadre d’intervention ainsi que les enjeux à moyen terme de l’aide que nous apportons. Nous restons un des principaux bailleurs avec l’Union européenne.

J’ai aussi rencontré Monsieur Moumouni Guindo, président de l’office central de lutte contre l’enrichissement illicite. Nous avons évoqué les missions de la nouvelle structure qu’il préside et les difficultés qu’il rencontre. La grève en cours notamment des services financiers est la preuve de la résistance à la mise en place de l’obligation de déclarer leurs bien dans un délai de 90 jours à compter du 1er juin 2017. Qui nierait pourtant la pertinence d’une législation qui doit permettre à tous de s’assurer que l’argent public reste bien affecté à la satisfaction du plus grand nombre ? A l’écouter, me revient en mémoire l’article 14 de notre déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : "Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée". "D’en suivre l’emploi"… Bon courage, Monsieur le Président.

J’ai eu l’occasion d’être interviewée par TV nationale au sujet du lancement du rassemblement des anciens élèves à Bamako. Retrouvez ce passage ici

J’ai enfin participé au lancement des associations des trois établissements scolaires français de Bamako en compagnie de René Randrianja, Président du réseau mondial ALFM. Guy Sukho, conseiller consulaire et lui-même ancien élève du lycée Liberté, a pris l’initiative de ce beau projet que je continuerai à suivre de près, après avoir participé en son temps au lancement de l’association mondiale, lors de la conférence de Vienne en 2013. Pour clore cette trop courte mission, les amis de Français du Monde/ADFE se sont réunis chez Thierry pour discuter librement de tout ce qui préoccupe nos concitoyens. Les sujets sont nombreux mais ils savent tous qu’ils peuvent compter sur mon soutien, tout autant que je compte sur leur fidélité et leur amitié.

 


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