Loi de programmation militaire 2019-2025 : attention à la sincérité du budget !

Partager cet article

En tant que Vice-présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et co-rapporteure du programme relatif à l’ « équipement des forces » (programme 146), je prépare minutieusement l’étude du texte de la Loi de Programmation Militaire (LPM). Celui-ci vise à mettre à disposition des armées les moyens et matériels nécessaires à la réalisation de leurs missions.

Si la défaite militaire de l’Etat islamique (EI) en Irak, facilitée par l’appui de la coalition internationale, marque un tournant dans la lutte contre le terrorisme, les récents attentats qui viennent encore de frapper notre pays nous rappellent que la menace est constante. La modernisation de nos matériels est donc essentielle pour maintenir notre capacité d’intervenir sur le territoire national ainsi que dans le cadre d’une coalition.

La modernisation et le renouvellement de certains équipements s’étaleront sur plusieurs années. Ces échéances sont prévues et encadrées par la LPM, qui détermine le périmètre, les objectifs et les moyens alloués à nos forces militaires pour les sept prochaines années, de 2019 à 2025.

Cette loi de programmation militaire a pour objectif premier de respecter l’injonction de l’OTAN de porter les dépenses affectées à la défense à 2% du produit intérieur brut (PIB) de la France en 2025. Pour assurer ce « renouveau », la ministre des Armées, Florence Parly, souhaite que le budget annuel passe de 34,2 à 50 milliards d’euros, avec une hausse de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, puis de 3 milliards d’euros par an jusqu’en 2025. À terme, sous réserve d’une mise en œuvre parfaite, l’actuelle majorité aura réalisé moins de la moitié de l’effort budgétaire requis, léguant la plus grande partie du travail à la prochaine équipe gouvernementale investie en 2022.

Une fois encore, l’exécutif affiche des dynamiques contradictoires. Souvenons-nous que quelques mois seulement après son élection, Emmanuel Macron avait entaillé le budget du ministère des Armées de près 900 millions d’euros, dont 850 millions d’euros étaient dédiés aux équipements militaires (programme 146), entraînant la démission du général Pierre de Villiers. Aujourd’hui, la loi de programmation militaire met l’accent sur le renouvellement des matériels nécessaires à la protection des soldats. Reste à savoir si les moyens opérationnels seront vraiment conformes aux ambitions politiques affichées.

Par ailleurs, le coût des opérations extérieures (OPEX), qui relevait jusqu’alors d’un financement interministériel, sera désormais intégralement à la charge du ministère des Armées, ce qui représente 1,1 milliard d’euros par an à partir de 2020, contre 450 millions d’euros en 2017. Or, le caractère imprévisible et fluctuant de ces dépenses rend dangereuse une telle mesure. En effet, en cas de sous-estimation des moyens, d’autres crédits du ministère des Armées pourraient en pâtir.

Plusieurs interrogations subsistent donc sur la sincérité de ce budget. La loi de programmation militaire a été votée à une large majorité hier à l’Assemblée nationale, et sera discutée en mai au Sénat.

Quelles sont les dispositions adoptées par l’Assemblée nationale ? Retrouvez mon prochain billet bientôt sur mon blog.


Partager cet article