Il est dangereux de rester sourd face aux revendications

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Un vaste mouvement de contestation sociale s’est déclenché avec la grève des cheminots contre le projet de réforme de la SNCF élaboré par le Gouvernement. 

Il s’ajoute au mouvement de blocage des universités par les étudiants depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois dans certaines villes, pour protester contre la réforme qui a instauré la sélection à l’université par le biais du dispositif ParcourSup. 

D’autres secteurs se sont également mobilisés : les filières de l’énergétique et du ramassage des ordures, mais aussi les personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ainsi que les salariés d’Air France.

Depuis son élection, Emmanuel Macron a adopté de nombreuses mesures au détriment des plus modestes : limitation par ordonnances des droits des salariés, suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG) supportée par les retraités, instauration de la sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur, et aujourd’hui, disparition du statut de cheminot et mise en concurrence de notre service public ferroviaire.

Force est de constater que la somme de ces décisions prises indépendamment les unes des autres s’inscrit parfaitement dans une logique cohérente, celle d’une politique économique libérale qui accroît les inégalités au profit des premiers de cordée. 

Le pays a besoin de réformes et le Président, très attaché à son image de réformateur, fait le choix malheureux de vouloir passer en force et d’ignorer la colère des salariés du public et du privé, des jeunes, des demandeurs d’emploi et des retraités. Un dialogue social de façade parce qu’il faut bien passer par là mais une précipitation qui commence à agacer comme s’il fallait, après chaque annonce, vite passer à autre chose. Et pourtant, les réformes de fond qui s’engagent méritent qu’elles soient conduites correctement et pour les bonnes raisons. La privatisation d’ADP, de la Française des Jeux et de tout ce qui rapporte gros à l’Etat nous privera d’apports financiers importants à l’avenir. A la précipitation s’ajoute le sentiment que si hier doit être oublié, demain n’a pas d’importance. Seul le moment présent compte. Et puis enfin ce n’est pas en qualifiant les étudiants de « bobos et d’égoïstes » et les cheminots à sortir de la « gréviculture » que l’on avance sereinement dans les négociations.

La déconnection avec la vie quotidienne commence à être très visible dans cette jeune équipe au pouvoir à qui il manque la rondeur donnée par l’expérience et la nécessité d’avancer ensemble. 

Le malaise qui s’exprime est aussi en réaction à ce qui est ressenti comme du mépris. Les Français n’ont pas voulu du Front National mais ils n’ont pas voté pour le retour de la monarchie. Notre histoire nous conduit plutôt à être attentif aux revendications qui s’élèvent dans notre pays. Pour ma part, je reste fidèle et attachée à notre service public qui représente notre idéal de solidarité et d’égalité. 


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