« Des espoirs, ne reste-il que les slogans ? »
Chères amies, Chers amis,
En cet anniversaire de mai 68, la mémoire sollicite spontanément quelques slogans auxquels l’actualité semble faire écho. Évidemment, le « Élections, pièges à cons ! » et puis le « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi », tandis que l’on aimerait croire encore que « L’on ne peut penser librement à l’ombre d’une chapelle ».
En mai 2017, les Français établis hors de France ont massivement voté pour Emmanuel Macron. A 89% ! En effet, plus qu’ailleurs, ils ont intégré l’Autre pour ne pas en avoir peur et être, ce faisant, sensibles à la propagande xénophobe de la candidate Marine Le Pen. Dès lors, les 46 déplacements internationaux effectués par le président de la République ont été autant d’occasions pour lui de rencontrer les communautés françaises et leur dire à toutes ce qu’elles attendent. Un discours à la fois flatteur pour ce que nous représentons et ambitieux pour que la France conserve son rang, le Président ne faisant ici que reprendre à son compte l’antienne gaullo-mitterrandiste.
Le Président martèle également, quand les critiques se multiplient face à la violence répétée des réformes imposées au Parlement, que tout cela était dans son programme et qu’il ne fait après tout que ce pour quoi il aurait été élu. Il aurait raison. Une nouvelle lecture du programme rendu public le 2 mars 2017 par l’ancien ministre de l’économie de Manuel Valls m’amène cependant à en douter. Par exemple, il n’avait pas annoncé que les crédits de l’AEFE seraient coupés de 33 millions, entrainant ainsi l’augmentation des frais de scolarité pour les familles et la suppression de 500 postes de professeurs ! Curieuse façon de promouvoir la francophonie… Il n’avait pas non plus déclaré que le budget de la Fondation Alliance Française ne serait pas soutenu, que ses missions seraient mises en péril et que son président serait forcé à la démission avec la moitié de son CA. Il en va de même pour cette annonce de rapprochement avec l’Institut Français, qui inquiète très justement les personnels mais dont on ne connait toujours pas la finalité. Son attachement à la culture sans doute…
L’augmentation de la CSG pour les retraités, souvent partis hors de l’Hexagone pour y avoir une vie confortable au vu de leurs revenus et dont le pouvoir d’achat a diminué, la suppression de l’exit tax ou l’annonce d’une baisse jamais vue de 10% sur les effectifs de fonctionnaires à l’étranger : rien de tout cela ne figurait dans le programme de 2017. Arrêtons-nous cependant quelques instants sur ce dernier point. La réduction de la masse salariale de l’État n’est ni une bonne ni une mauvaise chose par principe. Elle impose cependant que l’État réfléchisse préalablement à ses missions pour y adapter ses moyens. Or, je n’ai rien lu qui justifie la fermeture des consulats et la réduction des missions de ceux qui subsisteront. Pourquoi affaiblir à ce point l’État alors que le nombre de nos concitoyens qui s’installent à l’étranger ainsi que le nombre de demandes de visas d’étrangers pour venir en France ne cessent d’augmenter ? Rien, je ne trouve rien qui l’explique, si ce n’est que les Français établis hors de France seront bien peu nombreux à manifester devant nos ambassades ! Gageons que le projet de budget 2019, qui sera voté à l’automne prochain, confirmera cette indifférence réelle pour ces Français établis trop loin pour qu’on les entende et qui sont priés, avec d’autres, de se contenter des images que leur offre le service de presse de l’Élysée.
Je retiendrai en fin de compte ce pochoir apposé boulevard Saint Michel au soir des accords de Grenelle : « Des espoirs, ne reste-il que les slogans ? »
Bien à vous.
Hélène Conway-Mouret
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