Le G5 Sahel où quand la France se donne l’illusion d’être au centre du projet.

Partager cet article

Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a sollicité Vladimir Poutine pour participer au G5 Sahel, une force militaire conjointe qui réunit le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie, chargée de lutter contre les groupes armés au Sahel. Cette force commune devrait permettre à ces cinq pays de prendre en charge eux-mêmes l’essentiel des opérations militaires au sol contre les groupes terroristes. Mais ce dispositif, activement soutenu par Paris, pèche par un manque criant de financements et d’équipements.

Moscou s’avère d’autant plus attentive à cet appel qu’elle affiche ses ambitions en Afrique. Outre une présence désormais bien visible en Centrafrique, la Fédération de Russie vient de signer un accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo et aspire à faire de même avec d’autres pays de la région. Autre illustration de ce retour en force : Vladimir Poutine a récemment reçu au Kremlin le président gabonais Ali Bongo et accueillera le premier sommet Afrique-Russie en 2019.

A terme, le G5 Sahel a vocation à prendre le relais de l’opération française Barkhane, qui, depuis son lancement il y a cinq ans, a engagé 4 500 militaires et coûté environ un million d’euros par jours. Paris souhaite donc continuer à fournir un soutien logistique et un appui aérien, mais retirer la moitié de ses effectifs déployés. Alors que la présence française tend à s’effacer, l’intervention de la Russie lui ouvrirait une autre porte d’entrée stratégique en Afrique de l’Ouest et renforcerait son influence.

Face au désintérêt dont nous faisons preuve en matière de francophonie et à notre retrait progressif de l’Afrique francophone que nous reprochent nos amis africains, on observe ceux-ci se tourner vers de nouveaux partenaires, peu traditionnels… Est-il vraiment opportun, alors que notre pays n’est plus suffisamment présent sur cette partie du continent pour aller vers une Afrique anglophone que nous connaissons peu, de céder la place aux Etats-Unis et à la Chine, et de laisser la porte ouverte à la Russie pour s’y implanter durablement ?


Partager cet article