Mon intervention aux Universités d’été de la défense (UED)

Partager cet article

Lundi 10 septembre, j’ai eu le plaisir d’intervenir aux Universités d’été de la défense pour ouvrir l’atelier dédié à « la coopération de défense entre Londres et l’Europe après le Brexit : business as usual ? »

L’horloge du Brexit tourne, et pour l’instant, il est toujours impossible de dire avec précision ce qui se passera à la date fatidique du 29 mars 2019. C’est une équation à plusieurs inconnues dont la résolution donnera le « soft Brexit », le « hard Brexit », le « deal » ou « no deal ». Une variable reste constante : les 27 demeurent unis et entendent bien que les règles qui régissent le fonctionnement de l’Union européenne soient respectées. L’une d’entre elles, fondée sur le principe de « pay to play », dispose que pour bénéficier des services du « Club », il faut en être membre et payer sa contribution – ce qui exclurait le Royaume-Uni une fois devenu un pays tiers.

Une fois le choc du référendum passé, l’avancée des négociations semble peu à peu dissiper les illusions du Royaume-Uni : non, tout ne sera pas comme avant et tous les domaines seront impactés, y compris celui de la défense.

Alors que la construction de l’Europe de la défense, au sein de laquelle la France entend occuper un rôle central, a pris un nouvel élan la place du Royaume-Uni reste à définir. La question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir dans quelle mesure l’économie britannique continuera à financer une politique de défense ambitieuse, compte tenu du risque économique que représente le Brexit.

Une chose est sûre : quelle que soit la nature de la relation future entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, une coopération étroite après le Brexit est inexorable.

D’abord, nous partageons des intérêts communs pour faire face aux menaces dont l’échelle, la complexité et la fréquence (terrorisme, recrudescence des nationalismes, cyberattaques) compromettent la sécurité du continent.

De l’autre côté de la Manche, nos amis britanniques, qui ont toujours entretenu un rapport conflictuel avec les ambitions de défense de l’UE, affichent depuis le Brexit leur désir de rester au cœur de la lutte pour la sécurité européenne. Le Royaume-Uni souhaite entre autres se maintenir dans les institutions de coopération et d’échanges de renseignements, tels qu’Europol ou le Système d’information Schengen (SIS), sans lesquels il serait beaucoup plus vulnérable. En outre, les questions liées à la frontière irlandaise et la volonté de l’Ecosse de rester rattachée à l’Union européenne malmènent l’unité du Royaume et affaiblissent l’image du « Global Britain » promue par les Brexiters.

De son côté, la France souhaite voir perdurer la relation privilégiée qu’elle entretient avec le seul pays qui possède une armée similaire à la sienne, dispose des capacités nécessaires pour monter des opérations de haute intensité et s’engage à ses côtés, par exemple en Syrie ou au Mali. Les deux principales puissances militaires du Vieux continent, liées par le traité de Lancaster House, partagent une lecture analogue des enjeux stratégiques et des moyens d’y répondre.

Face à l’attitude agressive de la Russie de Vladimir Poutine et la fragilisation du lien transatlantique suite à l’élection de Donald Trump, notre sécurité collective appelle au développement d’une véritable politique de défense et de sécurité commune. Le Brexit ne devra pas entraîner un affaiblissement général de la sécurité de l’Europe et le concours des Britanniques à cette défense commune demeurera, quoi qu’il arrive, essentiel.

***

The « Summer Defence Universities »: the place to be to discuss Security and Defence issues (9th to 11TH  September).

I had the pleasure of speaking at the Summer Defence Universities to open the work shop entitled « Defence cooperation between London and the European Union: business as usual? »

The Brexit clock is ticking, but for the moment, it is still impossible to say exactly what will happen on March 29, 2019. Negotiations are going on but nobody knows if they will produce a « soft Brexit », a « hard Brexit », a « deal » or a « no deal ». One variable remains constant: the 27 remain united and want to see the rules governing the functioning of the European Union respected.  One of them, based on the principle of « pay to play », stipulates that to benefit from the services of « the Club », one must be a member and pay its fee – which would exclude the United Kingdom once it becomes an outsider. That does not prevent anyone from talking to non-members!

After the shock of the referendum, time seems to gradually dispel the United Kingdom’s illusions. No! it won’t be business as usual and as everything will be impacted it is difficult to see how Defence and Security would not.

However the construction of a European defence, in which France intends to play a central role, has taken a new turn, the United Kingdom definitely has a role to play, as it may leave the Union but it cannot leave Europe! Its role still needs to be defined. The question will be how far the UK economy will be able to finance alone a defence program to fulfil its security needs, given the economic impact of Brexit. So whatever the nature of the future relationship between the European Union and the United Kingdom, a close cooperation after Brexit is inexorable.

First, because we share common interests in dealing with threats whose scale, complexity and frequency (terrorism, upsurge of nationalism, cyberattacks), jeopardises the continent’s security.

On the other side of the Channel, our British friends, who have always maintained a confrontational relationship with the EU’s defence ambitions, have since the Brexit expressed their desire to stay at the heart of the fight for European security. The United Kingdom wants, among other things, to continue to be part of cooperation and information exchange institutions, such as Europol or the Schengen Information System (SIS), without which it would be much more vulnerable. Without its Intelligence services the Union will be more exposed and weaker.

For its part, France wishes to keep its strategic relationship with the United Kingdom. It is the only country with a comparable army. It has the capacity to proceed with high-intensity operations and operates, for example, in Syria or Mali. We are the main military powers, bound by the Lancaster House Pact, to share a similar reading of the strategic stakes and reach the same conclusions.

Faced with a range of new threats and the weakening of the transatlantic link following Donald Trump’s election, we have become conscious that we need to rely on ourselves. Our collective security calls for the development of a real defence and common security policy. It will be greatly helped by the European Defence fund.

It seems that we have no choice but to act quickly to ensure that Brexit does not lead to a general threat of Europe’s security.


Partager cet article