60 bougies à souffler dans un contexte de crise politique

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La Ve République française célèbre ce jeudi 4 octobre ses 60 ans. Née en pleine guerre d’Algérie, elle assure depuis la stabilité des institutions de notre pays.

Cette longévité cache de nombreuses évolutions essentielles depuis son adoption en 1958. Élection du président, passage au quinquennat ou encore parité, retour sur cinq modifications aux conséquences symboliques et juridiques importantes qui ont façonné notre vie politique actuelle. Historiquement, seule la Troisième République a une longévité plus longue que la république actuelle, avec presque 70 ans. A noter toutefois, les Américains ont gardé leur Constitution depuis plus de deux cent trente ans !

Quid de la création d’une VIème République ? seules deux idées contradictoires se distinguent : l’une pour tendre vers un régime purement présidentiel (suppression de la fonction de Premier Ministre, suppression du droit de dissolution et de la motion de censure), l’autre pour tendre vers un régime purement parlementaire en supprimant l’élection du Président du suffrage universel direct ou, du moins, suppression de ses pouvoirs au profit d’un Premier ministre responsable uniquement devant le Parlement.

La première tendance était très à la mode dans les années 1990 et avait des partisans à droite comme à gauche. Au-delà de la fascination qu’inspirent les États-Unis (cette fascination, la plupart en sont revenus avec un système capable de faire élire Donald Trump), cette idée avait pour but de confirmer les prérogatives du président de la République. Mais on voit bien que la démocratie américaine est capable de générer, bien mieux que la démocratie française, de réels contrepouvoirs puisque Donald Trump a été désavoué au moins deux fois (décret anti-immigration et abrogation de l’Obamacare).

La seconde tendance est en quelque sorte la redécouverte de la IVe République : reconfirmer le pouvoir des partis (alors que justement, ceux-ci sont discrédités au point qu’aucun parti gouvernemental n’a été présent au second tour de l’élection présidentielle de 2017), et redonner aux parlementaires leur pouvoir du siècle dernier. Le problème, c’est que sous la Ve République, le régime purement parlementaire a été finalement déjà pratiqué pendant neuf ans, au cours des trois cohabitations. En on a pu observer que ce n’étaient pas les parlementaires qui avaient repris le pouvoir sur l’Élysée, mais Matignon, donc, toujours le pouvoir exécutif.

En réalité, si les institutions de la Ve République ne sont pas parfaites, elles sont globalement adaptées au comportement politique du peuple français à la fois rebelle et légitimiste, à la fois insoumis et légaliste.

Vouloir changer de République, au-delà de la connotation symbolique et de la prétention de vouloir marquer l’histoire par ceux qui voudraient l’initier, c’est d’abord ouvrir un chantier titanesque qui mobiliserait ou plutôt immobiliserait toutes les énergies pendant cinq ans alors que le pays est en difficulté sur de nombreux fronts: le maintien du pouvoir d’achat, la lutte contre le chômage et la précarité, la dette qui s’envole ainsi que le déficit du commerce extérieur et la lutte contre le terrorisme…

Je suis intervenue sur les conséquences du quinquennat à l’occasion du colloque sur le bicamérisme organisé par l’Association des anciens élèves de Sciences Po en compagnie de mes collègues, Roger Karoutchi, Fabienne Keller, François Patriat et Jean-Pierre Sueur.

Les événements m’ont appris qu’il fallait laisser au peuple le temps de la réflexion ; le temps de la réflexion, c’est le Sénat »


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