Ma réactions aux annonces de réforme

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Il y a deux ans on nous annonçait un « Nouveau Monde » à coups de réformes qui allaient tout changer. Ce à quoi elles devaient aboutir était cependant flou. Paradoxalement, ces annonces ont eu pour effet de créer beaucoup d’inquiétude qui subsiste toujours d’autant que les changements ont débuté par des suppressions brutales, sans concertation ni explication. Par exemple, l’ANEF qui apportait la garantie de l’Etat pour les projets immobiliers des établissements scolaires a été supprimée et Bercy ne sait toujours pas par quoi la remplacer ; quelques établissements scolaires se sont retrouvés en grande difficulté et certains ont risqué la fermeture. Des solutions ont été trouvées, suscitant beaucoup de travail et d’angoisse au sein des équipes et des familles. 

Et puis il y avait la grande réforme de l’AEFE. Elle a débuté avec la suppression de 33 millions dans le premier budget qui a entraîné l’augmentation de 3 points de la ponction sur les établissements (passés de 6 à 9) pour que l’Agence puisse survivre financièrement, avec pour conséquence l’augmentation automatique des frais de scolarité. Face au tollé qui n’a jamais faibli en deux ans, le ministre a annoncé pendant la semaine des ambassadeurs une augmentation du budget de 25 millions. La baisse des frais de scolarité pourrait l’accompagner puisque le déséquilibre budgétaire induit par la coupe de 33 millions dans le budget 2017/2018 avait été amorti en partie par l’augmentation des frais de scolarité payés par les familles scolarisant leurs enfants dans le réseau. En rétablissant le budget auquel il manque quand même encore 8 millions d’euros, l’AEFE peut, ce faisant, diminuer le prélèvement sur les lycées. Les établissements décideront de diminuer ou non les frais de scolarité. 

C’est peut-être le sentiment de soulagement qui nous fait accepter les annonces comme un ensemble de bonnes nouvelles, relayées par des médias, qui semblent frappés d’amnésie. 

Comment ne pas voir que ce qui nous est donné aujourd’hui n’est qu’une partie tronquée de ce qui a été supprimé dans un premier temps ? Nous revenons fragilisés au niveau de financement qui était à peu près celui de 2016. J’ai du mal à voir le progrès ! Le statut des professeurs résidents a changé, les détachements sont toujours aussi problématiques. L’annonce de l’augmentation du nombre de professeurs détachés, dans un calendrier non fixé, serait positive s’il était précisé qu’ils le seront dans les établissements du réseau, et non dans les nouveaux établissements partenaires qui ouvriront leurs portes à l’enseignement français ou du français dans le grand mouvement du doublement des apprenants de français, voulu par le Président. Allons-nous créer des doublons et une concurrence déloyale envers nos lycées là où elle n’existe pas aujourd’hui ?

Toutes ces annonces qui se veulent positives ne cachent en rien le grand malaise qui règne dans ce ministère qui peine à assumer ses missions, malaise dû aux économies budgétaires qui sont la règle depuis longtemps et affectent les effectifs autant que les moyens. Elles frappent toutes les activités et tous les réseaux sur lesquels il exerce sa tutelle. La politique qui le gère est essentiellement budgétaire, basée sur les économies que le ministère des finances peut en tirer. Tant que l’on continuera à supprimer des postes alors que sa mission première est celle du contact et de l’humain nous abîmerons notre image, nous réduirons notre influence et nous supprimerons progressivement nos services publics qui ne seront jamais remplacés totalement par des écrans de tablettes et d’ordinateurs. Décidément, le chef de l’Etat n’est pas Anton Dvorak, auteur de la symphonie du Nouveau Monde. Tout au plus Joseph Haydn avec sa symphonie des adieux.



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