Le Sénat est attaché à cette grande nation scientifique et industrielle qu’est la France, tout autant qu’à ses territoires.
Il est alors légitime que nous nous intéressions et défendions nos 4 000 petites et moyennes entreprises réparties sur l’ensemble du pays, la dizaine de nos grands groupes et les 200 000 employés qui forment notre base industrielle et technologique de défense. Nous avons d’ailleurs regretté que le gouvernement ne l’inclut pas dans son plan de relance.
Nous sommes également tout autant attachés au projet européen et donc très préoccupés par la situation de blocage actuelle. En effet, quatre ans après le lancement en 2017 des programmes d’avion du futur (le SCAF) et de char de combat du futur (le MCGS), la France et l’Allemagne, que ce soit les acteurs politiques, syndicaux ou industriels, sont encore engagés dans un bras de fer afin d’obtenir leur « juste part » du projet. Cette situation n’est pas rassurante pour un projet franco-gemarno-espagnol aujourd’hui censé être structurant pour les décennies à venir. Les tensions actuelles ne doivent toutefois pas nous faire perdre de vue le long-terme, car ce projet qui nous engage pour les 40 ans à venir.
La gestion du projet nous interroge : pourquoi Paris a-t-elle laissé Berlin lier le SCAF et le MGCS, un projet terrestre, alors que ce parallélisme industriel n’a pas de sens ? Quelles garanties avons-nous aujourd’hui que la partie allemande ne remette pas en cause l’ensemble du projet lors de la prochaine étape ? Plus globalement, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas engagé un “Lancaster House” franco-allemand à l’occasion du traité d’Aix-la-Chapelle ?
Cette situation n’est malheureusement pas isolée et les tergiversations et défauts d’engagement du gouvernement nous désolent, d’autant qu’il reste sourd aux nombreuses propositions du Sénat pour appuyer son action. Encore faudrait-il que nous comprenions sa stratégie industrielle qui a besoin d’être clarifiée.
Les deux exemples suivants en sont la preuve.
En, 2020, l’entreprise Photonis était mise en vente et courtisée par un fonds américain. Après des mois d’hésitations, l’État décidait finalement en août de discuter avec les
Américains si ceux-ci acceptaient les conditions de Bercy. Finalement, en décembre, l’État se rétractait suite à une campagne médiatique et aux nombreuses interventions des élus. Ce sont huit mois de perdus, avec un carnet de commande qui s’est vidé et des salariés dans l’angoisse du chômage.
En décembre 2020, l’entreprise allemande KMW et le français Nexter décidaient de rapprocher leurs gouvernances, dans le cadre de KNDS. Côté allemand, les nouveaux dirigeants ont été nommés immédiatement. Côté français, il a fallu attendre deux mois pour
voir un directeur général nommé à la tête de Nexter ! La défense de notre industrie n’est-elle pas la priorité de l’Agence des participations de l’État ?
Finalement, nous entendons beaucoup la partie allemande ou les industriels français, mais bien peu les acteurs institutionnels français. Pourtant, il est encore temps d’agir avant que nous atteignions le point de non-retour, mais il faut agir vite. C’était le but de ma question au gouvernement.
Retrouvez ci-dessous la vidéo de ma question et la réponse de la ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants Geneviève Darrieussecq:
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