Que reste-t-il du modèle social français?

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 Que reste-t-il du modèle social français et de ce qui faisait l’exemplarité de la France ?  On demande aux générations actuelles et futures de travailler jusqu’à 62, voire 67 ans pour être sûr de pouvoir bénéficier de sa retraite en occultant les chiffres alarmants du chômage actuel chez les seniors et chez les jeunes. Il serait plus judicieux de commencer à s’intéresser à la création et le maintien des emplois et la mise en place de nouvelles mesures incitatives à l’emploi des quinquagénaires, mais également à l’emploi des jeunes. Sinon, nous ne faisons que décaler le problème dans le temps et punir les générations futures. Près d’un Français sur trois aura plus de 60 en 2060, d’après les dernières projections de l’Insee.

Dans le domaine de la santé on remet en cause le remboursement d’un nombre croissant de médicaments par la sécurité sociale. Et que fait-on de l’égalité d’accès aux soins ? Ce qui faisait la grandeur de la France, son exceptionnel service de santé. Elle n’existe plus. Et l’égalité des chances à l’école ? Quant à l’égalité d’accès à la formation, au travail, n’en parlons pas. La liberté d’expression? On vole à des journalistes ayant travaillé sur l’une des plus troublantes histoires de délinquance financière française leur outil de travail et le recueil de leurs investigations.

La crise économique et financière que nous connaissons depuis l’an passé n’est que la surface immergée de l’iceberg qui fonce sur nous. Elle ne fait que mettre en exergue l’irrationalité du monde que nous avons fabriqué et dans lequel nous vivons, où un homme à lui seul peut ébranler le marché financier national. Les valeurs de notre société ont changé. Nous sommes devenus une société individualiste, matérialiste, une société dans laquelle la consommation régule le bien-être et est à l’origine du bonheur. Le sociologue Francis Farrugia parle depuis les années 90 d’une « crise du lien social », preuve que le problème n’est pas nouveau.

Cette logique de consommation s’étend et elle touche aujourd’hui à des biens de notre société qui ne doivent pas y être soumis. Pourtant, au nom de cette crise, on démantèle les services publics du domaine de la santé, de l’éducation nationale, de la justice, de la culture. On essaie de leur impliquer une logique comptable, de rentabilité. Or, ce n’est pas possible. L’éducation que l’on donne à un enfant n’a pas de logique comptable mesurable, et encore moins à court terme. Mais elle se conclura par une formation complète et solide, une bonne préparation au monde du travail, un emploi correspondant à ses capacités, un renouement du lien social. C’est ainsi qu’elle peut être mesurable.

On ne peut pas laisser les choses partir ainsi à la dérive. Quelque chose gronde dans la société. La crise sociale que connaissent l’Irlande et la Grèce risque fort d’être contagieuse. La dérive autoritaire d’exclusion, d’individualisation ne peut pas durer. Il faut réfléchir aux choses encore et encore, avancer pour l’épanouissement de tous, pour retrouver de vraies valeurs de solidarité, d’égalité, de liberté.

 

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