J’ai été très heureuse de décorer de l’Ordre national du mérite Franck Pajot ; un conseiller des Français de l’étranger engagé, un militant politique, associatif et syndical infatigable, un enseignant dévoué mais par dessus tout un ami fidèle. Toutes mes félicitations à lui pour cette décoration méritée qui vient reconnaître un parcours remarquable au service de notre pays.

Retrouvez mon discours ci-dessous :

 

Monsieur le Ministre, Cher Laurent,
Madame l’Ambassadrice de Mongolie en France,
Madame la députée, Chère Anne,
Messieurs les sénateurs , cher Yan et Rémi
Madame la directrice générale des Français de l’étranger, chère Pauline
Monsieur le Consul général, cher Guillaume,
Mesdames et Messieurs,

Chers amis, certainement le titre que nous partageons toutes et tous ce soir alors que nous sommes rassemblés autour de Franck Pajot 

Je sais avec Franck qu’il existe un bleu Majorelle comme il existe un bleu Klein. Dans les années 30, le premier habillait sa villa de Marrakech de cette teinte électrique inspirée des couleurs de l’Atlas. Elle aurait cependant aussi pu être la maison du peintre Yves Klein qui, étendu sur une plage de Nice, évoquait sa détestation des oiseaux « qui volaient de-ci de-là dans son beau ciel bleu sans nuage parce qu’ils essayaient de faire des trous dans la plus belle et la plus grande de ses œuvres, qui était aussi celle de la plus grande espérance ».

Et bien je crois, cher Franck, que c’est bien cette espérance, symbolisée par ce ruban que vous porterez dans quelques instants que nous devons célébrer ce soir.

Espérance dans les sciences tout d’abord, ces sciences de la vie, ces sciences naturelles qui de la licence au Capes ont fait de vous un esprit rigoureux et curieux attaché à démontrer comme Paul Eluard pouvait la célébrer que la Terre, dans sa fragilité et dans sa merveille, « est bleue comme une orange ».

Espérance dans l’éducation ensuite dont les dix-sept années que vous avez passées au lycée français international de Pékin attestent.

Le bleu, dans la tradition chinoise ancienne, est lié à l’immortalité, au calme, et à la profondeur spirituelle. Associée à la mer et au ciel, cette couleur symbolise la paix, la tranquillité et la sérénité. La signification des couleurs en Chine est également influencée par le bouddhisme et le taoïsme. Le bleu est alors souvent associé à la guérison, à la purification et à la méditation. C’est une couleur qui apporte le calme et l’harmonie.

Je pourrais vous dire avec Jaurès que l’on n’enseigne pas ce que l’on sait mais ce que l’on est et ajouter avec Zola qu’il faut aimer pour enseigner car l’amour seul peut toucher et convaincre. Aimer, se faire aimer et faire aimer tous les autres. Ces qualités de calme, de profondeur, de générosité dont vous m’avez fait le témoin privilégié alors que vous dirigiez ma campagne électorale à l’été 2023, je vous les sais familières.

Par votre implication dans la construction du nouveau lycée de Pékin et votre participation pendant 22 ans aux jury du baccalauréat pour la zone Asie en passant par l’accompagnement et l’encadrement des personnels non titulaires, la promotion de la culture scientifique par des fêtes, des olympiades, des semaines du développement durable ou des classes de terrain, sans oublier votre volonté constante d’accompagner comme professeur principal vos élèves de terminal, vous n’avez eu de cesse d’aimer et de faire aimer l’éducation avec patience et passion.

Alors oui, ce bleu de Chine est bien le vôtre.

Espérance dans l’engagement politique et syndical ensuite.

Défendant l’adoption du drapeau tricolore en 1790, Mirabeau évoquait alors le bleu qui est la couleur de la France depuis Saint Louis, « couleur glorieuse, signe de ralliement de tous les amis, de tous les défenseurs de la liberté ». En 1848, défendant le drapeau tricolore contre le drapeau rouge, Lamartine ne disait pas autre chose. « Ce drapeau, c’est le drapeau de nos triomphes qu’il faut relever devant l’Europe. La France et le drapeau tricolore, c’est une même pensée, un même prestige (…) le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec la République et l’Empire, avec vos libertés et vos gloires ».

Et bien cher Franck, ce bleu tricolore vous est familier.

Membre du SNES-FSU et secrétaire pour la Chine et Hong Kong depuis 2014, vous n’avez eu de cesse de porter ces valeurs de l’Afrique à l’Asie et de Marrakech à Pékin. Défendant le dialogue social et l’élaboration des nouveaux contrats des recrutés  locaux en 2011, vous avez toujours défendu le rôle de la parole avec les acteurs de la communauté scolaire, parents, administration, service culturel, et représentants de l’AEFE naturellement.

Militant syndical vous êtes également un militant associatif. Membre de l’association Français du monde portée en son temps par Guy Penne, Monique Cerisier ben Guiga, Claudine Lepage puis aujourd’hui François Boucher vous avez été secrétaire de la section de Pékin depuis 2019 et Président de la section Chine du Nord depuis 2024. C’est cet engagement que nos compatriotes établis en Asie reconnaitront en vous élisant en mai 2021 aux fonctions de conseiller des Français de l’étranger.

Militant politique enfin. Membre de la fédération des Français de l’étranger vous y assumerez durablement les fonctions de secrétaire fédéral chargé de l’éducation et de la culture. Refusant de partager l’idée suivant laquelle une urne électorale contient toujours les cendres du peuple souverain, vous aurez le courage d’être candidat aux élections sénatoriales en 2020 puis en 2023 ainsi qu’en 2022 aux élections législatives dans la 11ème circonscription, la plus difficile et la plus exigeante me semble-t-il, chère Anne. 

Alors oui, les valeurs qui ont porté votre engagement et que vous avez fait vivre durant vos mandats et vos campagnes sont bien celles de ce bleu si cher à Mirabeau, celle de la défense de la liberté et de l’espérance.

Quelques mots enfin de ce bleu plus intime que nous avons en partage et qui est celui de la mer et des ciels d’Afrique du Nord.

Professeur durant six ans au lycée de Marrakech, vous avez été avant cela professeur au Sables d’Olonne et à Olonne sur Mer où vous avez conservé vos attaches. Je sais le bonheur que vous avez dû éprouver à ces heures de contemplation sur un horizon ouvert dont vous rêviez. 

La couleur d’une chose, pour Paul Valéry, est toujours celle d’une émotion. Or, le ciel pur – écrit-il – abdique le bleu de la mer et rend l’azur et l’horizon aux rétines. Cette paix du bleu marin fait de l’homme un peintre lorsque le soleil se lève. Moment où l’on sent jusqu’à l’intime cette fraicheur divine qui sera chaleur tout à l’heure ».  Le bleu de la mer et de l’horizon fut longtemps pour moi celui de la baie de Dublin, celui du canton de Wicklow et des iles d’Aaran. 

Si le bleu Majorelle, si le bleu du ciel de Marrakech, si le bleu marocain vous sont familiers, permettez-moi d’y préférez un instant celui de l’Algérie de ma naissance. Oh certes, ce n’était pas « le ciel bleu écru de Tipasa » mais il me semble dans mon souvenir que celui d’Annaba devait pourtant ressembler à « ce monde jaune et bleu où nous accueille le soupir odorant et acre de la terre d’été ».  Le bleu toujours.

Alors cher Franck, pour tout ce que vous avez fait et pour tout ce que vous ferez encore, il me faut bien désormais, pour votre engagement, pour votre contribution au rayonnement de l’éducation en France et dans le monde, pour votre constance mise à allumer des étoiles dans l’esprit des Hommes sans restriction d’âge, de culture, de langue ou de religion, pour l’amour que vous portez à votre épouse Gaëlle et à votre fils Emile, pour votre talent et aussi, en particulier ce soir, pour toute cette amitié qui nous lie, au nom de la République française et du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, vous remettre ce ruban bleu. 

Monsieur Franck Pajot,

Au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous fais Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.