De la nécessité de l’histoire et de la géographie en Terminale S ou l’apprentissage d’un esprit critique citoyen et humaniste

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D’après Nicolas Sarkozy l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire. Ce n’est pas une raison pour en faire sortir les élèves de terminale S. D’autant que notre président aime à convoquer Jaurès, Blum et Jules Ferry dans ses propres discours, à moins qu’ils n’aient été que d’ordre décoratif. L’histoire de France, qui semble encore utile au tribun politique, ne doit plus encombrer les cerveaux de l’élite de nos lycées. Ainsi en a décidé Luc Chatel le 7 décembre 2009 qui présentait une nouvelle partie de sa réforme du lycée, avec la suppression de l’histoire-géographie pour les élèves de Terminal S. La nouvelle m’avait choquée. Plus je réfléchis au sujet plus je pense que cette réforme est une grave erreur que nous ne pouvons laisser passer. Elle touche à l’enseignement secondaire général français et concerne donc l’ensemble des lycées français de par le monde. Il en va de l’enseignement mais aussi des repères, que nous souhaitons apporter aux jeunes générations pour qu’elles comprennent le monde, avant de contribuer à leur tour à l’histoire. Or, à l’heure de la mobilité et, dans une autre mesure, du débat initié par le Gouvernement sur l’identité nationale, cette réforme paraît complètement incongrue. Comment apprendre à se connaître soi-même et à connaître les autres sans les enseignements qu’apportent l’histoire et la géographie ? Quels bénéfices en tireront les élèves?

À l’heure actuelle, on ne peut plus penser l’enseignement ni une carrière professionnelle sans la notion d’ « échanges » et de « mobilité ». Nous sommes dans un monde mobile, où les gens, les savoirs, les traditions, les conflits se déplacent. L’histoire et la géographie sont nécessaires à la compréhension du monde et au développement d’un esprit critique. Comment comprendre ce qui se passe autour de nous si l’on ne sait pas d’où l’on vient ? Comme le disait Karl Marx, « celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre »… C’est par ces savoirs que nous parvenons lentement à faire tomber les dernières barrières tenaces de la xénophobie et de l’homophobie.

Sous prétexte d’allègement de l’emploi du temps pour favoriser l’enseignement des spécialités scientifiques, cette réforme m’inquiète sur le devenir de générations manquant de clés pour comprendre le monde, mais aussi sur le devenir de la discipline. L’éducation ne peut pas se positionner seulement dans une logique comptable de suppression de postes ! Les forums d’élèves et d’étudiants en parlent* : pourquoi vouloir enfermer les élèves de Terminale S dans leur environnement de sciences dures ? Pourquoi vouloir sacrifier une partie de leur culture générale ? Cette réforme oublie qu’une grande partie des élèves de Terminale S poursuivent leurs études supérieures dans les sciences sociales et humaines. Ces futurs bacheliers accuseront un certain retard face aux élèves issus d’autres filières. Et que dire de ceux qui souhaitent s’inscrire en classes préparatoires pour passer les concours des grandes écoles ?

On n’a simplement pas le droit de sacrifier l’apprentissage d’une citoyenneté critique et humaniste au profit d’une logique comptable et d’une rentabilité à court terme. Le prix à payer dans cette tentative d’habillage de la pénurie est beaucoup trop lourd.

 

 

*Forumdesados.net, planete-ados.com, facebook.com, forum MSN.

 

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