Aujourd’hui j’ai enfin pris une minute pour signer l’appel de SOS Racisme pour arrêter ce débat sur l’identité nationale qui prend des tournures proprement infâmes.
Je dis oui au débat mais déconnecté de toute période électorale pour ne pas mélanger les sujets et pas sur l’identité nationale mais sur les identités.
Le "débat" mené par Eric Besson est hors contrôle, objet de tous les dérapages et de toutes les pulsions qui couvrent le gouvernement de honte. Ce n’est pas à cela que j’ai envie de participer, et certainement pas deux mois avant les législatives, mais bien à un débat de fond qui pourrait être mené avec les associations, les écoles etc.
"Nous, immigrés volontaires, (…) nous avons certainement une riche contribution à apporter au débat.
Comme une majorité de Français, 64% des personnes interrogées, (enquête BVA les 27 et 28 octobre), je considère que l’objectif principal du gouvernement correspond, par le biais de ce débat, à une volonté de mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales. D’autre part, il est inquiétant qu’un ministère créé en 2007 attende deux ans avant de tenter de se définir ! En même temps, cette opération 100% politique fait ressurgir un débat digne d’attention.
Les concepts d’identité et de nation existent depuis longtemps mais l’expression « identité nationale » n’existe que depuis les années 1980. Le premier livre dont le titre contient l’expression « identité nationale » remonte à 1978 (catalogue de la BNF). Il est plus facile d’écrire sur les nations, formées les unes par rapport aux autres et que certaines caractéristiques distinguent que sur les identités nationales qui sont des phénomènes transnationaux. La nation est le résultat de la volonté générale suivant le nationalisme républicain qui suppose l’adhésion à des valeurs communes. Au contraire elle est fondée sur l’hérédité, la terre et la religion catholique plutôt que la race suivant le nationalisme fermé de Maurras et Barrès. Mario Vargas Llosa nous rappelle combien ce nationalisme est dangereux : « Si l’on considère le sang qu’elle a fait couler au cours de l’histoire… l’alibi qu’elle a offert à l’autoritarisme, au totalitarisme, au colonialisme, aux génocides religieux et ethniques, la nation me semble l’exemple privilégié d’une imagination maligne ».
Notre interrogation doit être aussi plus riche et plus durable. Le couplage de la nation avec l’identité ou avec l’immigration est dangereux et laisse la porte ouverte à toutes les dérives. Préférons au contraire les identités au pluriel. Interrogeons les processus d’adhésion et de rejet à une identité parfois assignée plutôt que choisie. Posons la question de l’intégration trop souvent perçue comme une assimilation et donc perte de sa culture. Enfin, posons des questions plutôt que d’essayer d’avancer des affirmations. Ce débat ne peut être figé dans le temps. Il ne faut pas qu’il devienne une machine à exclusion.