Un monde moins sûr. La crise actuelle, une opportunité pour l’Europe. Partie 2

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La crise actuelle, une opportunité pour l’Europe. Réflexion en 5 parties

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

2. Un monde multipolaire et moins sûr

Le rapport qui s’établit entre la nature de la crise et sa globalité devrait nous permettre d’élargir notre perspective à des questions géopolitiques, notamment concernant la sécurité et la défense. En effet, le monde d’après la crise ne sera pas seulement différent en termes financiers et économiques. Dans ce contexte l’Union européenne a la responsabilité morale de saisir l’opportunité de cette crise et de jouer un rôle de stabilisateur et d’exportateur de sécurité.

La crise affecte déjà le système des relations internationales et les rapports de force entre les acteurs majeurs (Etats-Unis, Chine, Russie, Europe) seront profondément modifiés. De plus, la nouvelle multipolarité rend le système moins stable et plus concurrentiel. La crise aura aussi des conséquences profondes sur la sécurité de l’Union européenne et ses Etats membres. De ce fait, elle rend nécessaire une réflexion stratégique et des décisions politiques courageuses de la part des dirigeants européens.

Alors que le pouvoir financier et économique a basculé de l’Ouest vers l’Est, et que l’équilibre des forces qui s’oriente vers l’Est va être accéléré par la crise économique globale, les puissances émergentes deviennent plus fortes. La Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde et d’autres pays poursuivent des objectifs stratégiques bien définis et à long terme. L’Union européenne, ainsi que les Etats-Unis, doivent maintenant faire face à une situation où ils doivent s’appuyer sur des pays qui ne partagent pas nécessairement les mêmes valeurs et principes.

Les Etats-Unis sont devenus particulièrement vulnérable, principalement sur le terrain de l’éthique et de la moralité.En conséquence, leurs opposants (e.g. l’Iran, Corée du Nord) remettent en cause, défient son pouvoir politique et ses capacités militaires, alors que la Chine remet directement en cause l’autorité morale de l’Ouest concernant le nucléaire dans le cas de l’Iran.

Dans ce contexte, l’opportunité se présente pour la relation transatlantique, laquelle constitue un des éléments essentiels du système international, de prendre une nouvelle dimension et pour l’Union européenne de capitaliser sur ce terrain. La perception d’une Amérique « faible » profite à l’Union européenne. L’Union européenne peut être à la source de la stabilité et un intermédiaire de confiance dans les conflits et pour les régions dans lesquelles les Etats-Unis ne sont plus considérés comme crédibles.

La Chine a récemment durci ses positions sur sa politique étrangère et de sécurité. Il devient de plus en plus difficile d’atteindre un consensus au sein des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur les résolutions qui visent au maintien de la paix internationale et la sécurité. La Chine va très probablement continuer à maintenir sa politique consistant à retarder et donc affaiblir les sanctions contre l’Iran. Alors que la Chine a indiqué qu’elle soutenait un Moyen-Orient « sans nucléaire », elle ne veut pas sacrifier ses liens économiques avec Téhéran. Les contrats de vente d’armes par les Etats-Unis à Taiwan et la rencontre récente du Président Obama avec le Dalaï Lama à la Maison Blanche ne sont pas sans liens avec l’attitude et les actes de la Chine.

La Russie également essaye de s’affirmer comme un facteur de stabilité en Europe oriental et au Caucase. La crise en Géorgie a, depuis 2008, changé la donne géopolitique dans le Caucase. De plus, les relations de la Russie avec l’Ukraine ont eu des conséquences profondes sur la sécurité énergétique, y inclut pour les Etats membres de l’Union. La Russie essaye également d’affirmer son rôle majeur dans les affaires de sécurité en Europe, par le biais de propositions du Président Medvedev pour une nouvelle architecture de sécurité en Europe. Là encore se présente une opportunité pour l’Union européenne de mettre ses relations avec ce grand pays sur une base de coopération et pas de confrontation.

Alors que la concurrence entre des acteurs majeurs tells que les Etats-Unis, la Russie et la Chine va s’intensifier, les acteurs régionaux tels que le Brésil, l’Inde, l’Arabie Saoudite, l’Iran et d’autres trouvent là un environnement favorable pour développer des comportements et des actes visant à une hégémonie régionale.

Au regard de cette situation, l’Union européenne demeure un pôle de stabilité. L’Union dispose d’un éventail d’instruments à nul autre pareil. Néanmoins, l’influence accrue de l’Union comme puissance économique et commerciale et son incapacité à promouvoir ses propres intérêts globaux demeurent un paradoxe. Afin de pouvoir affirmer son identité, l’Union européenne doit rééquilibrer son rôle économique, financier et commercial, soutenue par une Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) robuste et autonome.

A suivre.

 

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