Vol de Nuit, parmi les étoiles au dessus de la Méditerranée.

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J’ai eu la chance de faire un exercice de ravitaillement en vol au-dessus de la Méditerranée. Dès mon arrivée de Dublin, je partais pour la base aérienne d’Evreux où j’embarquais à bord d’un KC135. Mon premier choc fut celui de découvrir un avion sans habillage intérieur et de réaliser qu’il ferait bien froid pendant le vol. Ensuite, le copilote m’a montré comment fonctionnerait le parachute et le masque à oxygène en cas de problème. En effet, les avions de chasse s’approchent à une dizaine de mètres de l’avion ravitailleur auquel ils sont liés pour quelques longues minutes. Le voyage aérien venait de prendre une toute autre dimension !

J’ai tout d’abord passé le vol Evreux-Istres dans la cabine de pilotage, au chaud, le casque sur la tête à l’écoute des conversations entre avions, mais aussi avec les contrôleurs du ciel. Je n’ai jamais vu le ciel d’aussi près, si pur, si beau. Il y avait un orage au loin sur les Pyrénées et les éclairs brisaient le ciel. A notre arrivée sur la mer le pilote m’a averti que nous allions faire « l’hippodrome » pendant près de deux heures. Heureusement que les lignes droites étaient assez longues car au bout du troisième tour il me tardait de prendre la route du retour pour Istres.

La magie de la nuit a alors eu lieu et les premiers avions sont apparus. Je suis allée m’allonger au fond de l’avion dans une nacelle sous la queue de l’avion ou se trouve une « fenêtre », près de l’ingénieur chargé de la manœuvre. Il m’a expliqué ce qui allait se passer et ce qu’il fallait que j’observe. J’ai guetté chaque avion, toujours accompagné de son partenaire, dont le pilote annonçait l’approche. Il n’y avait d’abord que les étoiles parmi lesquelles je cherchais les lumières de l’avion. Puis, celui-ci apparaissait soudain à quelques mètres, si léger, flottant dans l’air. L’approche n’était pas toujours immédiate ni facile. Connecter deux avions en vol, par un tuyau au bout duquel se trouve un « panier », entrer le gland dans le panier et rester connecté pendant le ravitaillement est un exercice périlleux. Nous avons ainsi ravitaillé une douzaine d’avions. J’ai d’abord distingué les pilotes dans leur cabine puis, avec le froid, il est devenu difficile de les voir. Le visage de l’ingénieur était alors collé à la vitre. J’ai pu échanger quelques mots avec un pilote à son départ.

A la fin de l’exercice je me suis rendue compte de la concentration dont nous avions eu besoin et qui m’avait fait oublier le froid mordant, les virages continus qui laissent une drôle d’impression dans l’estomac et la peur. En même temps je venais de vivre une incroyable aventure. J’ai pris conscience du privilège que j’avais eu de faire une expérience unique, réservée aux seuls professionnels ; voir le ciel comme je ne l’avais jamais vu ; être connectée à tous ces pilotes qui communiquent sans cesse tout en faisant des tours au-dessus de l’eau. Je vais relire St Exupéry.

 

Images Hélène Conway


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