Derrière la violence urbaine, une insécurité sociale persistante…

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 La période estivale a été le théâtre d’un sujet devenu malheureusement récurrent dans l’Etat français, celui des violences urbaines. Le quartier de Villeneuve à Grenoble s’enflamme après que la police ait abattu un braqueur en fuite au pied de son immeuble. Des confrontations extrêmement tendues entre habitants du quartier et forces de l’ordre, des tirs à balle réelle de la population vers la police, des menaces… Une situation qui met des semaines à s’apaiser et dont le déroulé judiciaire se poursuit actuellement.

Preuve que le problème des violences urbaines n’est pas réglé, et que la réponse que Nicolas Sarkozy a voulu apporter, aujourd’hui comme hier, avant ou pendant son mandat présidentiel, n’est pas la bonne. La répression n’est pas la solution. Elle tait le problème plus qu’elle ne le résout. Or, c’est bien de cela qu’il s’agit. À force de ne s’intéresser qu’à la montée de la violence urbaine, à coup de sur-traitement et de surenchère médiatique, on oublie de regarder ce qu’elle cache malheureusement d’insécurité sociale. Pourtant ce n’est pas comme si le sujet était nouveau et qu’il n’avait jamais été traité ! De nombreuses causes à l’insécurité sociale sont connues : l’enclavement urbain ou la ghettoïsation, la stigmatisation ethnique et sociale, la précarité sous toutes ses formes, les limites de l’éducation nationale, de ses capacités d’intégration et de son « égalité des chances »… Un programme de politiques publiques qui commencerait par réellement se saisir de ces problématiques irait dans le bon sens. Il existe suffisamment d’études où sont proposées des solutions, d’exemples à suivre dans d’autres pays européens ou outre-Atlantique pour que nous ne soyons pas capables, en France, d’améliorer ces situations d’insécurité sociale grandissantes. Citons simplement un exemple dans un domaine que je connais particulièrement et qui me tient à cœur, l’éducation.

Ainsi, aux Etats-Unis, les professeurs peuvent recevoir une augmentation ou une promotion quand leurs élèves viennent en cours et réussissent leur année d’études. Le système a été repris en France, mais inversé. L’académie de Créteil tente d’enrayer l’absentéisme scolaire qui frappe les établissements professionnels en offrant aux élèves la possibilité de financer un projet commun décidé en concertation avec l’équipe éducative s’ils respectent des objectifs d’assiduité et de réussite fixés en début d’année. De nombreux autres exemples sont possibles. Le rapport établi par la Cour des Comptes cette année, intitulé « L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves », propose toute une série de mesures et de réorganisations au sein de l’éducation nationale qu’il serait plus qu’important de mettre en place pour permettre une véritable « égalité des chances » à l’école, une lutte plus efficace contre l’échec scolaire, et ainsi une meilleure intégration sociale. Ce serait un premier pas.

Résoudre les causes de l’insécurité sociale, améliorer le bien-vivre ensemble, aider à l’émancipation et à l’intégration de tous, tous ces objectifs méritent mieux que des annonces politiques faites pour racoler des points dans les sondages, ou pour gagner des voix en vue des prochaines élections. La question doit être traitée dès à présent, à l’échelle nationale, elle ne doit pas juste ressortir lors la prochaine échéance électorale.

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