La Laïcité aujourd’hui

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 Il me semble urgent de reprendre en main la question controversée de la laïcité, depuis toujours marqueur idéologique de gauche, dont la droite et l’extrême droite se sont emparées au nom de la défense des valeurs chrétiennes de la France. Malheureusement, les divergences de fond entre les tenants d’une laïcité républicaine et les défenseurs d’une laïcité plus ouverte sont loin d’être résolues à gauche.

Si la construction des lieux de culte musulmans mérite débat et intéresse les élus il serait dangereux de nous laisser entrainer dans un débat restreint au seul point de savoir si l’on doit accepter des lieux de culte financés par des puissances publiques ou privées étrangères. Dans son dernier ouvrage Arnaud Montebourg aborde le sujet quand il écrit: «  l’Etat républicain respectueux de la loi de 1905 ne peut financer les cultes, mais il peut rendre transparent le financement de la construction des lieux de culte » (Des idées et des rêves, Flammarion 2010).

Nous ne devons pas faire le jeu de la droite qui ressort la laïcité et la sécurité durant les périodes électorales. Cependant nous ne pourrons pas éviter ces questions. Alors élargissons le débat  et ramenons-le à la question de la relation entre l’Etat et les établissements scolaires confessionnels. Notre combat, à gauche, est contre les intégrismes et le fondamentalisme et non contre les religions.

L’Etat républicain que nous défendons est le garant de notre liberté de pensée et d’expression. Il est aussi clairement séparé de l’église catholique. Pourtant le Secrétaire général de la Fédération nationale de la libre pensée nous rappelait récemment dans son article intitulé « le public saigné au profit du privé » qu’au moment où l’école publique est soumise au régime sec, l’enseignement privé s’organise avec l’aval du gouvernement. Les  moyens alloués à l’enseignement privé sont augmentés via des fondations d’utilité publique. Par exemple la « Fondation pour l’école » qui soutient des établissements privés hors contrat lèvent aujourd’hui des fonds dans des conditions particulièrement avantageuses puisque les donateurs peuvent obtenir jusqu’à 75% de déductions fiscales (reconnaissance d’utilité publique par décret du premier ministre du 18 mars 2008).

L’Etat apporte, de fait, un soutien et une reconnaissance à une fondation qui va à l’encontre de l’école républicaine, laïque et gratuite. Le discours du président sur le rôle du curé et de l’instituteur revient alors tout naturellement à l’esprit et l’on comprend aisément qu’il traduisait une vision de la société en rupture avec la tradition républicaine d’égalité et de laïcité. Il traduisait aussi la volonté politique de s’éloigner de l’esprit du service public au profit d’une logique de concurrence dont le secteur privé est le premier bénéficiaire.

Quand on ajoute à cela que la loi de finances pour 2011 a attribué 4 millions d’euros, soit 250 postes supplémentaires, à l’enseignement privé alors que 16 000 postes seront supprimés dans le public la gauche ne devrait pas avoir peur de parler de laïcité lors des débats à venir.

 


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