Mobilité des jeunes : mon entretien avec l’Irish Times (13 août 2013)

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J’ai donné un entretien au quotidien l’Irish Times, à la suite de la parution de ma tribune dans Le Monde sur la mobilité internationale des jeunes français.


Irish Times, 8 août 2013

 

 

 

 

La France a toujours été un pays d’immigration. Mais dorénavant, un nombre croissant de jeunes, issue la plupart du temps de la classe moyenne, choisissent de partir à l’étranger.

 

L’opposition de droite s’est emparée de ce phénomène pour diffuser l’idée que, selon l’expression du vice-président de l’UMP Thierry Mariani, « la France est vidée de ses forces vitales ».

 

Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée charge des Français de l’étranger, accuse l’opposition de jouer avec les peurs : « Leur argument est que depuis l’élection de François Hollande, tout le monde veut fuir la France. C’est tout simplement faux », a déclaré la ministre dans un entretien.

 

Au début du mois, le quotidien Le Monde a publié en première page un article consacré à « Ces jeunes Français qui veulent partir » ainsi qu’un éditorial sur « les promesses oubliées de M. Hollande. » Le quotidien de référence a ainsi consacré deux pages à l’émigration des jeunes, ainsi qu’une tribune au vitriol de M. Mariani.

 

M. Mariani a cité un sondage pour Le Figaro du printemps dernier selon lequel 75% des Français s’inquiètent du risque d’une émigration massive. Les jeunes partent afin « d’échapper à l’insécurité juridique et à la pression fiscale qui sont devenues la véritable marque de fabrique du gouvernement socialiste. » Mme Conway-Mouret a répliqué dans sa propre tribune publiée dans le Monde d’hier et intitulée “Non, les jeunes ne fuient pas la France ! »

 

Dans un entretien, Madame Conway-Mouret a condamné les “clichés négatifs” véhiculés par les médias à propos de l’expatriation. “Gérard Depardieu [qui s’est installé en Russie afin d’échapper au fisc français]; les exilés fiscaux ; les riches sous les cocotiers.  Ils ressortent les mêmes gros titres sur la fuite des cerveaux pour vendre des journaux l’été. Je tente de changer cette image.”

 

Dans une enquête du cabinet Deloitte Consulting en février dernier, 27 % des jeunes diplômés déclaraient souhaiter travailler hors de France, contre 15% l’année précédente.  

 


Changer les mentalités


Jusqu’à récemment, ce n’était pas dans les mentalités des jeunes Français de souhaiter travailler à l’étranger. Mme Conway-Mouret considère que ce changement est une tendance positive, ancrée dans l’espace européen en expansion et la révolution des transports et des communications. La plupart des jeunes rentrent en France après 3 ou 5 ans, souligne la ministre.  

 

« Les expatriés sont un pont entre la France et le monde”, écrit Mme Conway-Mouret dans Le Monde. «  Quel raccourci de d’estimer que la mobilité internationale de nos jeunes constitue une rupture avec la France. Au contraire, ce phénomène démontre une intégration croissante de notre pays dans la mondialisation et le monde en changement dans lequel nous vivons.”

 

Née en France, Mme Conway-Mouret a vécu 25 ans en Irlande, où elle dirigeait le départment de langues du DIT. Elle projette de participer à l’Irish Government’s global forum, qui réunira les membres influents de la diaspora à l’automne prochain.

 

En juin, Mme Conway-Mouret a organisé à Paris une conférence internationale sur le thème de la diaspora  à laquelle a participé l’ambassadeur d’Irlande en France, M. Paul Kavanagh. “Il s’est exprimé de façon émouvante de la fierté que ressentent les Irlandais à propos de ceux qui ont réussi merveilleusement à l’étranger, et des efforts de la diaspora pour contribuer au redressement de l’Irlande », précise la ministre.

 

Une des conséquences de la mobilité croissante des jeunes Français est visible dans le retour des immigrés nord-africains de deuxième génération dans le pays de leurs parents, ou dans le Golfe persique, où leur culture française et arabe est un atout.

 

Les jeunes diplômés français choisissent de s’installer en Asie, où les salaires et les responsabilités sont plus importants qu’en France. L’âge moyen des 3000 Français de Kuala Lumpur est de 29 ans, souligne Mme Conway-Mouret.

 

La ministre a également évoqué un jeune Lyonnais qui commercialise en Asie du sud-est des équipements médicaux fabriqués à Lyon. “Ce sont ces jeunes qui partent maintenant. Nous devons prendre conscience que la France doit dépasser ses frontières si elle veut demeurer la cinquième puissance économique du monde”.

 

© 2013 irishtimes.com

 

 


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