Non, la jeunesse de fuit pas la France (7 août 2013)

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Ma tribune publiée dans Le Monde daté du 8 août 2013

 

 Non, la jeunesse ne fuit pas la France !

 

Les expatriés, une passerelle avec le monde

 

Ainsi donc les jeunes Français quitteraient massivement le pays ? La société française n’offrirait qu’insatisfaction à ses nouvelles forces vives, contraintes de s’inventer un avenir ailleurs ? Rien n’est moins vrai. Rien n’est plus caricatural. C’est pourtant l’air que se plaisent à entonner certains élus de l’opposition, avec une bien grande légèreté. Le député Thierry Mariani en a donné une nouvelle manifestation, dans une tribune parue dans Le Monde du 1er août, où l’idéologie le dispute à l’inexactitude.

 

Oui, les jeunes Français sont nombreux à franchir chaque année nos frontières. 180 000 le font dans le cadre de leur formation. Quelques milliers débutent à l’étranger leur vie professionnelle, comme salariés ou entrepreneurs. Cette jeunesse a-t-elle le sentiment de tourner le dos à la France, de partir par " nécessité " ? Assurément pas. J’en veux pour preuve mes échanges avec plusieurs centaines de jeunes expatriés rencontrés lors de mes déplacements à l’étranger.

 

Leur motivation au départ mêle curiosité culturelle, goût de l’aventure, volonté d’acquérir de nouvelles compétences, professionnelles et linguistiques notamment. Comme l’établit le dernier rapport d’activité de la direction des Français à l’étranger du ministère des affaires étrangères, l’intérêt économique dicte minoritairement la décision d’expatriation (18 % des sondés). Pour un tiers des expatriés, c’est le désir d’enrichissement culturel qui prévaut.

 

Certes, quelques-uns nourrissent l’espoir de trouver à l’étranger des conditions de vie et de travail dont ils s’estiment privés en France. A ces derniers, nous devons rappeler que le gouvernement agit pour que chaque jeune, quel que soit son milieu, quelle que soit sa qualification, trouve sa pleine place dans la société française.

 

C’est le sens du dispositif Priorité jeunesse, adopté le 21 février par le Conseil interministériel de la jeunesse. A travers 47 mesures touchant à l’emploi, au logement, à la santé, à l’orientation, à la culture, Priorité jeunesse est le projet le plus global et le plus cohérent conçu de longue date. Grâce à ce programme, les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012, en étant plus autonomes, plus reconnus, plus responsabilisés.

 

L’action résolue du gouvernement en faveur de l’emploi des jeunes ne poursuit pas d’autres objectifs. Je pense aux contrats de génération, qui permettront le recrutement de 500 000 jeunes en CDI. Je songe aux emplois d’avenir, aux emplois francs, dont le président de la République a démontré tout l’intérêt lors de son déplacement à Clichy-sous-Bois le 31 juillet. Favoriser l’emploi des jeunes, c’est aussi soutenir les jeunes créateurs d’entreprise, par l’intermédiaire de la Banque publique d’investissement notamment.

 

A la lumière de ces réformes, cruciales, au regard des motivations des jeunes Français désireux de s’ouvrir à d’autres horizons, comment ne pas s’indigner des propos de M. Mariani, dont les analyses me semblent bien réductrices et inadéquates ? Qu’ils retournent en France au bout de quelques mois ou qu’ils s’installent durablement à l’étranger, les jeunes expatriés entretiennent avec leur pays une relation étroite, réelle, intime. Des confins de l’Asie, de l’Amérique, de l’Afrique, chaque expatrié jette une passerelle entre la France et le monde. Quel raccourci, dès lors, de croire que la mobilité internationale de nos jeunes marque une rupture avec la France ! Bien au contraire, ce phénomène illustre l’intégration croissante de notre pays dans la mondialisation et le changement de monde que nous vivons. Le ministère des affaires étrangères, en adaptant et en modernisant son réseau scolaire, diplomatique et consulaire, accompagne ces mutations.

 

Les jeunes expatriés donnent au contraire beaucoup à leur pays. Des marchés s’ouvrent grâce à eux, des coopérations scientifiques et industrielles se nouent, des manifestations culturelles prospèrent. Par leurs activités, ils permettent à la France de tenir son rang dans un monde en mutation. Les institutions universitaires et les centres de formation l’ont bien compris, accentuant leur présence et leurs partenariats à l’étranger.

 

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault sait l’intérêt, pour notre pays, d’une mobilité accrue des jeunes. Plusieurs initiatives en ce sens, portées par Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et Valérie Fourneyron, ministre des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, ont été adoptées le 24 juillet. La plus emblématique est sans conteste l’élargissement du programme Erasmus aux jeunes formés dans les filières technologiques et professionnelles, ou en apprentissage. Effective au 1er janvier 2014, cette diversification des bénéficiaires d’Erasmus est une formidable promesse pour nos jeunes, pour notre pays, pour l’Europe.

 

Soutenir la mobilité des jeunes nous conduira aussi à faciliter l’accès aux volontariats internationaux en entreprise (VIE). Dès la rentrée, le dispositif sera élargi aux étudiants de licence professionnelle. Le nombre de bénéficiaires de VIE devrait ainsi augmenter de 25 %. Mentionnons également le renforcement des moyens dédiés à la mobilité des jeunes ultramarins, le soutien accru à l’Office franco-allemand de la jeunesse et à l’Office franco-québécois pour la jeunesse, la création de plates-formes régionales de mobilité en lien étroit avec les collectivités territoriales. Autant d’initiatives prouvant que la mobilité des jeunes est d’autant plus prise au sérieux par le gouvernement que ce dernier l’encourage et l’accompagne.

 


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