Je me suis entretenue vendredi, à Dublin, avec mon ami Eamon Gilmore, Tanaiste (Vice Premier Ministre) et ministre irlandais des Affaires étrangères, dans le cadre forum économique international qui regroupait pendant le week-end tous les acteurs économiques, culturels, sociaux et politiques de la diaspora irlandaise.
Nous avons abordé les questions internationales. Eamon Gilmore est très impliqué dans l’aide humanitaire européenne apportée à la Syrie, son pays présidait l’Union européenne dans les six premiers mois de l’année. Le Tanaiste m’a posé beaucoup de questions sur mon déplacement au Proche Orient la semaine dernière (Jordanie, Arabie Saoudite, Liban), notamment sur l’impact des réfugiés syriens sur la stabilité politico-économique de la Jordanie et du Liban.
Nous avons aussi parlé de la nécessité de mobiliser l’opinion pour favoriser un meilleur taux de participations aux élections européennes de 2014.
Mais le cœur de notre discussion en tête à tête a porté sur ma participation au 3e forum économique international de Dublin.
J’ai participé à une table ronde consacrée à la diaspora comme base d’une diplomatie économique, dans le but ultime d’amplifier la croissance économique au cœur de l’Europe et de créer des emplois.
Parmi les décideurs assis à ma table, j’ai écouté attentivement l’expérience des deux ministres irlandais, celle des diplomates et des chefs d’entreprises mais aussi celle des présidents de fédérations sportives, qui ont su collectivement s’appuyer collectivement sur une diaspora irlandaise forte de 40 millions d’individus.
Il ne s’agit pas seulement des Irlandais de différentes générations partis s’installer en Grande-Bretagne, en France, aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie mais aussi de leurs familles élargies, de leurs descendants et de ceux qui revendiquent une origine irlandaise.
Ils ont la chance de compter parmi eux des dirigeants qui ont su se mobiliser pour aider à remettre l’Irlande sur la voie du redressement économique comme Bill Clinton, qui a lancé le premier Forum global économique irlandais, en 2011. Et aussi Barack Obama, dont l’arrière, arrière, arrière grand-père a quitté le comté de Tipperary pour s’installer aux Etats-Unis.
Les experts de la diaspora irlandaise ont été particulièrement intéressés par la représentation politique des Français de l’étranger que nous avons modernisée avec la loi du 22 juillet 2013.
Certains d’entre eux ont souligné la pertinence de la conférence internationale des ministres chargés de leurs compatriotes installés à l’étranger que j’ai organisée en juin dernier et qui rassemblait une trentaine de représentants.
Ainsi après notre entretien vendredi, la journaliste de l’Irish Times Mary Fitzgerald posait cette question rhétorique dans son quotidien: Pourquoi Les Irlandais n’ont-ils pas encore de ministre chargé des Irlandais résidant à l’étranger ? J’ai aussi été l’invitée vendredi de la télévision publique irlandaise RTE, en direct du forum, où j’ai aussi parlé des mesures mises en place par Laurent Fabius et moi-même pour les Français de l’étranger.
Les quelque 500 invités de ce forum international avaient la même préoccupation : s’assurer que ceux qui partent s’installer à l’étranger restent citoyen à part entière de leur pays et conserve le même sentiment d’identité — sense of belonging – que leurs compatriotes dans le pays d’origine.
Les Français de l’étranger ne sont encore que quelque 2,5 millions mais contrairement aux Irlandais, la grande majorité est enregistrée auprès du consulat. Les Français de l’étranger seront appelés à voter à deux reprises pour les Européennes et les conseils consulaires – le même jour — au printemps 2014.
Pour leur part, les Irlandais sont fort réticents à accorder le droit de vote dans les législatives nationales aux membres de leur diaspora, dix fois plus nombreux que les résidant du pays. Ces élections irlandaises se décideraient à Boston et à Sydney.
Retrouvez mon interview à la télévision irlandaise RTE ici:
Retrouvez mon allocution aux Français d’Irlande ici: