Histoires croisées France/Maghreb: rencontres symboliques

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J’ai participé dimanche aux rencontres Histoires croisées France/Maghreb. Je tenais à montrer mon soutien pour ce projet qui rassemblait pour la première fois au Sénat une telle diversité de participants : non seulement des témoins et des historiens de la longue histoire qui lie la France et l’Afrique du Nord mais aussi des élus, des représentants de la société civile, des citoyens passionnés. Je suis ravie que le président du Sénat Jean-Pierre Bel ait accueilli ces rencontres dans la salle Clemenceau du Palais du Luxembourg, parce que la symbolique du lieu et de la date mettent en perspective cet évènement.

Le moment était certainement venu de croiser les regards et les témoignages du passé, de confronter nos mémoires à travers des ateliers, des conférences et la projection de documentaires inédits. Des moments clés ont été abordés, en particulier les plus douloureux. Avant que la Garde des Sceaux Christiane Taubira cloture les débats, l’ancien footballeur Lilian Thuram a eu un échange fort avec le public sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. M. Thuram est convaincu que l’éducation est le meilleur moyen de vaincre un fléau capable de déchirer notre société si nous ne manquons de vigilance. Racisme, sectarisme, discrimination sont les différents visages d’un même mal. Et notre société sera jugée sur sa capacité à instaurer une diversité harmonieuse.

Cette rencontre était donc au carrefour de plusieurs anniversaires symboliques: les 30 ans de la Marche pour l’égalité et les 58 ans de l’affaire Rosa Parks. La « marche des Beurs » à travers la France — surnommée ainsi par les média de l’époque — fait partie de notre mémoire immédiate. L’affaire Rosa Parks remonte au 1er décembre 1955. Dans une petite ville de l’Alabama (Etats-Unis), une femme noire de 42 ans entra dans l’histoire par un petit geste de défiance qui généra l’une des premières campagnes de désobeïssance civile et contribua à l’essor du Mouvement des droits civiques. Assise dans un autobus de Montgomery, Rosa Parks refusa de céder à un blanc son siège dans la section réservée aux "gens de couleurs", malgré l’insistance du conducteur. Les blancs étaient prioritaires selon les règles des transports de cette époque, dans le sud des Etats-Unis. Le chauffeur de l’autobus ignorait qu’un d’un demi-siècle plus tard, les Américains éliraient un président noir.

 


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