HÉLÈNE CONWAY-MOURET – “Les Français ont une vision positive de l’expatriation”
Après près de deux ans à la tête du ministère des Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret dresse un bilan de son action, appelle à voter aux prochaines élections consulaires, et s’appuie sur un sondage qui bat en brèche les idées reçues : oui l’expatriation est vue comme un atout pour la France par nos compatriotes !
lepetitjournal.com : Alors que le gouvernement vient d’être remanié, quel bilan dressez-vous de votre action au ministère depuis presque deux ans ?
Hélène Conway-Mouret : Le ministère a donné une voix aux Français de l’étranger qui les a défendus et représentés. Aussi, nous avons beaucoup avancé sur des dossiers qui ont un impact sur leur quotidien. Nous avons engagé des réformes de fond, notamment la loi de juillet 2013 sur la représentation politique des Français de l’étranger, mais aussi sur l’enseignement français. 20 millions d’euros de crédits supplémentaires ont également été alloués à la sécurité de nos compatriotes hors de nos frontières. Enfin, dès septembre 2012 nous avons entrepris un choc de simplification dans notre réseau consulaire, avec la dématérialisation de certaines démarches et la modernisation de nos outils. L’action du ministère a visé à s’adapter aux évolutions des communautés françaises à l’étranger, à leur nombre croissant, le tout dans une cohérence globale avec la diffusion de l’influence française et la montée en puissance de la diplomatique économique.
Photo Hélène Conway-Mouret
Vous avez commandé un sondage à Ipsos sur la vision de l’expatriation par les Français de France. Que retenez-vous des résultats de cette enquête ?
L’expatriation est une chance et ce sondage montre clairement que ce point de vue est partagé dans notre pays. 70% des personnes interrogées y voient un atout pour la France. Surtout, 91% d’entre eux encourageraient un de leurs proches à partir à l’étranger, alors que 70% des répondants n’ont jamais vécu eux-mêmes hors de France. Un Français sur 5 se dit prêt à tenter sa chance à l’étranger avec de très bonnes raisons : un travail intéressant, l’apprentissage d’une langue, la découverte d’une autre culture… On est loin des termes négatifs comme "fuite" ou "exil" et les résultats publiés rejoignent mon leitmotiv sur l’accès à la mobilité pour tous dans un monde globalisé. A ce titre, ce sondage bat en brèche les idées reçues sur l’expatriation, comme celles soutenues par des parlementaires de l’UMP qui vont demander le 9 avril prochain l’ouverture d’une commission d’enquête sur la fuite des forces vives de la nation.
Les 24-25 mai prochain auront lieu les premières élections des conseillers consulaires issues de la réforme de la représentation politique que vous avez portée. Pouvez-vous nous repréciser pourquoi il est important de voter ce jour-là ?
La philosophie de la réforme est de donner aux Français de l’étranger des élus de proximité, les 453 conseillers consulaires. C’est une forme de démocratie participative, qui mettra en avant des élus issus des communautés françaises locales. Ils formeront, au côté de l’administration, un ancrage local fort et un relais pour notre diplomatie économique et d’influence. Les décisions seront prises localement par ces élus et non plus à Paris, notamment pour les bourses scolaires. Il faut aussi sensibiliser les Français de l’étranger à participer aux élections européennes le même jour, car chaque Français est aussi un Européen. Rappelons-nous que l’abstention profite aux extrêmes, notamment ceux qui remettent en question les fondamentaux de l’Union européenne.
Hervé HEYRAUD (www.lepetitjournal.com) Jeudi 3 avril 2014
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