Une nouvelle présidence pour la Fondation Jean Monnet à Lausanne

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"Faire quelque chose plutôt qu’être quelqu’un"

L’on prête à Jean Monnet d’avoir un jour déclaré qu’il lui avait toujours été plus important de faire quelque chose que d’être quelqu’un. Je sais la modestie non feinte du père de l’Europe. Un homme discret, pédagogue, un ami sûr. Un homme attaché à la campagne pour lequel chaque promenade était le prétexte à une longue réflexion qui pouvait aussi être une introspection. C’est, en filigrane, ce portrait que j’ai retrouvé chez mon ami Pat Cox à Lausanne, le 12 mars dernier, à l’occasion de sa nomination comme président de la Fondation Jean Monnet. Un rapide aller-retour m’a ainsi permis d’écouter cet ancien journaliste devenu un des plus connus hommes politiques irlandais dans l’atmosphère vive et claire de l’Université de Lausanne. Une conférence introductive intitulée: "De la crise économique à une crise politique dans l’Union européenne ? " (http://jean-monnet.ch/conference-de-pat-cox-nouveau-president-de-la-fondation/).

Président du Parlement européen de 2002 à 2004 où il a siégé 15 ans en tant que Député européen, Pat Cox est en effet avant tout un militant et un pédagogue de l’unité européenne. Fédéraliste, il présida le Mouvement européen avant de participer en septembre 2010 à la création du Groupe Spinelli, écho à celui qui, militant communiste et antifasciste, écrivit depuis sa prison de Ventotene le manifeste « Pour une Europe libre et unie ». Du communiste au catholique, de l’Italie à l’Irlande, la nomination de Pat Cox illustre cette première qualité du projet européen qui est de réunir les hommes. Par-delà leurs convictions profondes, par-delà leurs différences et sachant effacer les scories du temps et de l’actualité, ils arrivent à se rassembler pour penser ensemble un projet politique commun. Cette démarche je la partage et la Fondation la fait vivre. Son rôle est en effet de rappeler comment s’est construite l’Europe en rassemblant des archives précieuses pour les chercheurs et les historiens. L’Union européenne ne semble certes plus faire rêver les populations et n’offre pas aujourd’hui de projets fédérateurs. Elle est trop souvent présentée comme contraignante et ses institutions trop éloignées des peuples qui les méconnaissent et leur apportent un soutien de plus en plus faible. L’abstention en est révélatrice. Pat Cox doit être une voix à faire entendre en France et la mémoire de Jean Monnet un écho à partager.

 

 


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