Lancement du Club El Saphir et la politique de la France au regard du monde arabe (22 avril 2015)

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Le 8 avril 1996, en visite au Caire, Jacques Chirac déclarait : « La politique arabe de la France doit être une dimension essentielle de sa politique étrangère. Je souhaite lui donner un élan nouveau dans la fidélité aux orientations voulues par son initiateur, le général de Gaulle ». Conscient de cette dimension essentielle de la diplomatie française, le centre d’études et de prospective stratégique (CEPS) – une ONG française présente dans une dizaine de pays – a souhaité en coopération avec la société DK Ambassador créer un nouveau groupe de travail qui y soit consacrée et qui permette aux responsables politiques, économiques, sociaux ou civils de se rencontrer et d’échanger. J’ai eu le plaisir de présider le dîner du lancement du club El Saphir qui réunissait les représentants d’une quinzaine d’ambassade de pays arabes à Paris.

Ayant à l’esprit les derniers déplacements de Laurent Fabius au Maroc et en Arabie Saoudite, j’ai rappelé que le principal souci de la France au Proche Orient avait toujours été d’être capable de parler à tous, pour dire la même vérité et pour favoriser le dialogue et la résolution des conflits, c’est-à-dire la paix. J’ai ajouté – et la crise syrienne est là pour nous le rappeler plus que d’autres – que la France, comme le Royaume Uni, a une responsabilité historique et personnelle à assumer vis-à-vis des pays arabes. Elle ne doit pas s’y dérober.

Le 15 janvier dernier, François Hollande ouvrait à l’Institut du Monde arabe (IMA) le premier forum international du monde arabe. Rappelant cette responsabilité de la France, il ajoutait que celle-ci s’enrichissait aujourd’hui d’un renouveau du monde arabe. « Toutes les conditions sont réunies, déclarait-il, pour que le monde arabe continue à rayonner et puisse également prospérer. Renouveau porté par la jeunesse, renouveau porté par les femmes qui, victimes plus que d’autres encore des conflits, sont aussi celles qui se battent, qui se battent même physiquement, pour faire entendre la voix de l’Humanité. Renouveau porté par les entrepreneurs– parce que c’est l’économie qui peut aussi permettre de donner un horizon, une perspective, une vision. Renouveau porté par les créateurs et par les artistes qui démontrent – et l’Institut du monde arabe en a fait là encore l’illustration – la qualité, la créativité, le prestige, le rayonnement, de ce qu’est le monde arabe ».

Sans ingénuité, sans être exagérément candide, je pense néanmoins que face aux crises, le monde arabe peut apporter une réponse, que la jeunesse du monde arabe est une réponse. Faute d’avoir pu grandir sur une terre où je suis née, et dont Albert Camus disait « je sais les prestiges et le pouvoir sournois de l’Algérie, la façon insinuante dont elle retient ceux qui s’y attardent, dont elle les immobilise », j’ai saisi toutes les opportunités qui m’ont été offertes de le parcourir et de le comprendre. A Doha, à Amman, à Ryad ou à Tunis, à Tripoli, Alger ou à Rabat j’ai aimé ces mondes arabes, ceux que la Méditerranée, celle que les Arabes appellent très justement la mer du milieu, doit réunir. La France a des atouts : ses idéaux, son histoire même si celle-ci comme à Alep où à Sétif a été cruelle, ses arabisants, universitaires comme Christian Lochon ou diplomate comme François Gouyette. La France à les outils pour comprendre ces mondes arabes. Pourquoi alors ne pas en prendre le temps, ce temps que nous perdons à essayer de le gagner, à mieux réfléchir à certaines initiatives. L’on prête à François Mitterrand d’avoir déclaré que le temps ne respectait pas ce qui se fait sans lui. Et bien je crois que notre diplomatie arabe doit s’inscrire dans le temps pour redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Une référence et une voix originale.


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