Génération Mitterrand. 20 ans déjà

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L’on peut comme Paul Nizan affirmer que l’on a eu vingt ans et que l’on ne laissera personne vous dire que c’est le plus bel âge de la vie. J’ai eu 20 ans. En 1981 ; et cet anniversaire fut sans doute l’un des plus importants de mon existence. Je crois que cette élection, à l’instar de la première phrase d’Aden Arabie qui devint un slogan pour la génération de mai 1968, fut en elle-même un slogan pour notre génération. François Mitterrand a fondé notre engagement en politique. Il a fondé mon engagement à gauche alors que la distance géographique ne m’apportait en Irlande que l’écume des évènements survenus en France.

J’ai la certitude que son double septennat, à l’instar à droite de celui de Georges Pompidou, fut porteur d’une rare volonté réformatrice, de modernisation. Enfin, une volonté en action ! Je me souviens des radios libres et des débats relatifs au groupe Hersant. Je me souviens de la violence des réactions du monde économique et du contrôle des changes. Je me souviens de l’abolition de la peine de mort voulue par celui qui avait été ministre de la justice dans les années 60. Je me souviens de la retraite à 60 ans et du ministère du temps libre. Je me souviens de la décentralisation et des commissaires de la République. Je me souviens des nœuds papillons de Georges Fillioud et de l’accent de Gaston Defferre.

Je me souviens en fin de compte d’une volonté qui s’enrichissait d’un rapport au temps, à l’espace, qui a eu peu d’égal dans l’histoire contemporaine. Certes, l’on devinait la complexité du personnage mais n’était-elle pas aussi celle des évènements traversés ? François Mitterrand, ce sont aujourd’hui quelques photos dans mon bureau au Sénat. Son portrait officiel notamment. Ce sont aussi des livres dans lesquels, comme pour l’abeille et l’architecte il m’arrive de grappiller une idée, une citation pour un discours ou une note.

François Mitterrand est mort et je me souviens. Grace à Anne Lauvergeon, sa mémoire vit avec ses amis, avec ceux qui assument de se réclamer de lui. Avec simplicité hier dans un restaurant qu’il aimait fréquenter. Plus solennellement aujourd’hui avec le Président de la République dans un Palais qui lui était aussi familier. D’un Président à l’autre, ces agapes – sans ortolan mais non sans amitié – nous offriront surtout l’occasion de célébrer la gauche au pouvoir.


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