Dans un communiqué publié le 21 septembre, intitulé "Quand la gauche invente un détournement de fonds pour exister : halte à la calomnie !", le député Mariani a violemment attaqué nos amis de Pondichéry dans le but de protéger son élu local, le conseiller consulaire Prédibane SIVA.
Ceci me permet aujourd’hui de dévoiler notamment le soutien financier perçu sans compter par l’UFE.
Vous pouvez prendre connaissance de ma réponse ci-dessous.
Monsieur le député,
Je regrette le ton polémique de votre communiqué tout autant que les accusations – qui confinent au jugement de valeur – que vous portez sur les sympathisants socialistes mais qui sont aussi et surtout, dans le cas d’espèce, des Français établis hors de France. Assurément, à vous lire, tous ne méritent pas la même considération…
Ceci étant rappelé, et pour sortir d’une polémique qui n’a pas lieu d’être si l’on s’en tient aux seuls faits, je tenais à partager avec vous certaines observations faites à l’occasion d’un déplacement effectué à Pondichéry en août dernier. J’ajoute que celles-ci ont été inspirées par de nombreuses rencontres publiques où ont été systématiquement conviés tous les Conseillers Consulaires. On ne saurait donc me reprocher un quelconque parti pris.
En premier lieu, j’ai été interpellée, à plusieurs occasions, par des Présidents d’associations à qui des subventions devaient être versées en 2015 et qui s’inquiétaient de n’avoir toujours rien reçu en août 2016. Il s’agit de Présidents de structures associatives et non de sympathisants ou militants socialistes. Ils m’ont indiqué, à chaque fois, que ces subventions avaient pourtant été versées au Conseiller Consulaire M. Prédibane Siva. Sans émettre à ce stade un quelconque jugement, je ne peux que constater que tous ont, ce faisant, fait part d’une même suspicion quant aux conditions dans lesquelles les fonds attribués au titre de la réserve parlementaire ont pu être réaffectés. Pour ne pas embarrasser publiquement l’élu présent, je m’en suis tenue à décrire le processus d’attribution. Au vu de la gravité de ce qui était suggéré, il m’a, en effet, paru nécessaire d’en revenir à des éléments objectifs et dépassionnés. Vous conviendrez que la distribution d’argent public doit se faire dans la plus grande transparence possible et que nous avons tous à gagner à avoir des réponses les plus claires possibles aux questions que l’on peut légitimement se poser.
Comme vous le savez, l’octroi d’une part de notre réserve parlementaire peut se faire au bénéfice d’associations mais uniquement pour des projets d’investissement. La règle est la suivante : "Par la réserve, les parlementaires soutiennent des investissements de proximité décidés par des collectivités locales et des activités menées par des associations. La réserve institutionnelle soutient des associations ou fondations menant des projets d’intérêt national et international".
Vous conviendrez avec moi qu’il serait bon, dans ces conditions, que le détail des fonds alloués – et, plus encore, des conditions de leur utilisation effective – soit rendu public.
En second lieu, je constate qu’en 2015 l’association U.F.E., associée à votre famille politique, a reçu 9 000 euros de la part de deux sénateurs LR qui s’ajoutent aux 10 000 euros de votre propre réserve parlementaire. Dans un pays où le salaire mensuel moyen est de 150 euros par mois, ces 19 000 euros (affectés à une association qui revendique son engagement politique à droite comme elle l’a fait lors des dernières élections sénatoriales en soutenant formellement la liste conduite par le sénateur républicain Christophe-André Frassa !), ces sommes semblent disproportionnées au regard des dépenses programmées. L’entretien du cimetière de Pondichéry n’a pas été réalisé pour l’avoir visité. La présidente de l’association "Rainbow women" attend toujours le versement de la subvention. Je ne peux que constater, là encore, le décalage qui existe entre les projets portés auprès des parlementaires et ceux qui ont pu réellement bénéficier des sommes affectées.
Je pourrais ajouter qu’il en va de même pour la rénovation du Parc Dupleix, du foyer du soldat ou de l’ANAP, association dissoute en 2009 et présidée alors par monsieur Siva mais qui a cependant reçu 7 000 euros en 2015 ! Enfin l’école française de Karikal aurait reçu au total 23 500 euros de réserve de la part des deux sénateurs LR et de vous-même sans que les intéressés s’en soient aperçus.
Il ne s’agit donc pas de politiser cette affaire, Monsieur le député, mais bien de s’assurer que l’argent public soit bien utilisé à fortiori dans un contexte de rareté de celui-ci. Votre communiqué a eu l’avantage de mettre sur la place publique ce qui restait caché et qui doit être maintenant clarifié. Il me semble, ce faisant, que l’élu de la République que vous êtes serait fondé à demander des comptes comme je le fais aujourd’hui au premier intéressé.
Dans l’attente de ces réponses, je vous prie de croire, Monsieur le député, à mes sincères salutations.
Helene Conway-Mouret