Je participe aujourd'hui et interviens dans une journée de débats sur les femmes et la laïcité. J'en suis doublement heureuse car ces discussions ont l'avantage de nous permettre d'échanger sur un sujet que nous n'osons plus aborder par crainte d'être accusé d'intolérance. Et pourtant ce séminaire prouve que nous sommes encore capables d'en parler librement, sereinement entre politiques, journalistes, ONG, associations et collectifs. La définition même de la laïcité est sujette à des interprétations divergentes. Je regrette qu'afin d'éviter un thème clivant on préfère ne pas l'aborder et de fait, nous brouillons ainsi encore plus les esprits quant à la place et rôle de celle-ci dans notre société. Pour moi elle n'est pas un droit mais un équilibre savant qui proclame la neutralité de l'Etat et garantit la liberté des cultes. Elle demeure notre meilleur rempart contre les forces obscurantistes et liberticides dont les femmes sont les premières cibles. Il est cependant vrai que ces détracteurs font preuve d'une grande habileté pour retourner son sens. Certains qui se présentent comme ses défenseurs, notamment à droite, la réduise au refus d'un seul culte. D'autres enfin revendiquent le droit de certaines populations à vivre sous le joug de pratiques religieuses quand d'autres en seraient libres? Je préfère rester attachée aux fondamentaux de notre République que protège la laïcité. Je crains que nous ne fassions preuve d'une grande lâcheté en ne trouvant pas le courage de défendre le fruits des combats de ceux qui nous ont précédés. La situation actuelle est identique à celle qu'ont connu les Républicains des année 1900. Ils n'ont pas eu peur d'engager un bras de fer avec l'église catholique, habituée au partage du pouvoir et ils ont gagné. Le défi à relever aujourd'hui procède des prétentions des ailes fondamentalistes de tous bords, de plus en plus actives et nocives, à régenter les consciences et influer sur la vie quotidienne. Enfin, pour moi, la laïcité fait partie de l'exception culturelle française. Elle demeure incomprise à l'étranger tout autant que les débats sur le port du voile ou du burkini. Elle incarne au mieux le rejet des religions, au pire la pire forme d'intolérance,le racisme. Elle est en fait l'opposé et impose le respect de tous dans l'exercice ou non d'un culte.