Participation au Comité scientifique de l’Institut du Bosphore

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La dernière réunion du conseil scientifique de l’Institut du Bosphore nous a offert, Turcs comme Français, l’occasion de revenir sur le sens et la portée de cette relation bilatérale quelques heures après un référendum dont on connait les enjeux.

 

La relation diplomatique bilatérale entre la France et la Turquie est certes suffisamment profonde et solide pour lui permettre de traverser toute nouvelle période de tension à venir. Et un référendum en amenant un autre, nous apprenons qu’une nouvelle consultation pourrait être engagée sur l’avenir du processus d’adhésion à l’UE. Nous ne saurions le reprocher aux Turcs alors que ce pays est un Etat associé à l’Union depuis 1963 et que sa demande d’adhésion a déjà 30 ans ! Le quinquennat qui s’achève a pourtant été une période d’apaisement des relations entre les deux pays après une relation si tendue que l’Institut du Bosphore est né pour permettre aux acteurs du monde économique d’échanger en dehors du cercle politique.
Nous entrons cependant dans un nouveau moment, plein d’incertitudes, de notre histoire commune avec le référendum constitutionnel en Turquie et l’élection présidentielle en France. Tous deux détermineront sans aucun doute l’évolution de notre relation. Nous aurons d’une part un régime présidentiel et la volonté de son président de poursuivre ou non l’ambition de se rapprocher de l’Europe et d’autre part un président français qui soutiendra ou non cette demande. Si les relations ne sont pas au beau fixe avec l’UE elles sont par contre bonnes avec la France. Celles-ci pourrait ainsi aider à récréer la confiance qui manque terriblement entre alliés alors qu’ils n’ont jamais eu autant besoin les uns des autres. L’UE a besoin de la Turquie pour gérer les flux migratoires et assurer sa sécurité aux limites Est de l’Europe et la Turquie a besoin de l’UE pour ses relations commerciales et l’équilibre de sa mémoire. Les négociations sont certes au point mort mais pas rompues. Les prises de paroles officielles sont le reflet du climat de défi et parfois d’incompréhension mutuelle que nous traversons: déclarations menaçantes de la part du président Erdogan, manque d’empathie de la part des Européens à la suite des attentats terroristes et manque de reconnaissance face à l’endiguement des flux migratoires réalisé par la Turquie en direction de l’Europe.
Dans un tel contexte le rôle de l’Institut du Bosphore est primordial. Il facilite le dialogue et donc le respect entre parties qui se connaissent bien mais ne se comprennent plus. Il doit capitaliser sur les convergences d’intérêts notamment en matière économique et sécuritaire. Et puis, sans perspectives européennes, il est à craindre que les efforts vers plus de démocratie ne progressent plus.
Voilà, entre autres, pourquoi j’entends continuer à m’investir dans le travail du comité scientifique de l’Institut et participer activement à la facilitation des discussions entre nos deux pays. Il est important de changer le regard que nous portons l’un sur l’autre, critique, maladroit, brutal parfois. Pour ce faire il faut encourager les coopérations locales, les échanges et surtout impliquer la société civile dans tous les domaines d’activité et élargir nos sujets de recherche et de discussions. Je ne doute pas que l’Institut puisse y contribuer. Le contexte le rend nécessaire.

 


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