Faisons de 2018, l’année de la mobilisation contre l’excision !

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En cette journée internationale sur la lutte contre les mutilations sexuelles des femmes, je voudrais rendre hommage aux associations qui travaillent au quotidien pour accompagner les victimes. J’ai l’occasion de les soutenir et mon engagement est total depuis mes rencontres avec des victimes. Je pourrais vous raconter l’histoire de ces femmes excisées, estimées à 53 000 en France et près de 200 millions dans le monde. Une estimation, parce que cette pratique qui touche à l’intime de chacune d’entre elles, reste cachée. Elle n’est ainsi observée que par le corps médical, souvent lors d’une hospitalisation ou d’un accouchement. Elle est bien sûr faite en violation du droit international et est condamnée sur notre territoire ainsi que dans vingt-quatre des vingt-neuf pays où elle est pratiquée. Elle est malheureusement aussi réalisée dans les hôpitaux de certains pays afin d’éviter les infections lui donnant ainsi un semblant d’acceptabilité sociale. Malgré ces interdictions officielles, elle concerne jusqu’à près de 90% des femmes dans trois de ces pays.

L’histoire est souvent la même. Je l’ai entendue trop souvent au cours de mes déplacements mais il faut toujours l’écouter jusqu’au bout. Je ne vous la raconterai pas, là maintenant. D’abord par respect pour la dignité de ces filles qui l’ont cachée très longtemps mais aussi parce qu’elle est difficile à supporter. C’est d’abord la douleur due à l’ablation partielle ou totale des organes sexuels de la femme, souvent pratiquée sans anesthésie. Les conséquences physiques et psychologiques qui résultent de cette mutilation sont terribles. Et puis c’est celle de la perte de leur innocence et de la confiance qu’elles portent à leur mère ou grand-mère qui décident au nom d’une coutume dont elles ont elles-mêmes été victimes avant que de leur imposer à leur tour cette mutilation. 

Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit. Mais quand on sait que trois petites filles sur dix dans certaines communautés risquent chaque année d’être excisées, nous devons, nous parlementaires, rappeler la loi et son application en cette journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations sexuelles. En profiter pour nous interroger sur cette pratique qui n’a comme objectif que d’exercer un contrôle intolérable sur le corps des femmes en voulant nier et effacer leur sexualité. En profiter aussi pour soutenir les associations engagées dans la prévention et la reconstruction psychologique des victimes ; comme avec la campagne « Alerte excision » portée par le ministère. 

Il est temps de mobiliser plus largement les ministères – Education nationale pour la détection, Santé pour l’accompagnement et l’Intérieur pour la question de l’asile pour que les petites filles scolarisées et jugées à risque, soient mieux accompagnées et que celles qui rentrent mutilées puissent être soignées. A toutes celles et tous ceux engagés contre les violences faites aux femmes, faisons-en sorte que ce combat ne se limite pas à la journée qui lui est dédié. 

 


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