Francophonie : les actes vont-ils faire écho aux promesses ?

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A l’occasion de la Journée de la Francophonie, le 20 mars, Emmanuel Macron a présenté une trentaine de mesures pour propulser le français du cinquième au troisième rang des langues les plus parlées dans le monde.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, il entend s’appuyer sur le réseau d’enseignement français à l’étranger (AEFE, MLF, Alliances françaises, Instituts français), véritables vecteurs de vitalité de notre langue.

Son premier pari consiste à « consolider et dynamiser le réseau » d’enseignement en doublant le nombre d’élèves scolarisés dans des établissements français d’ici à 2025. Un véritable défi, qu’il compte relever en développant une partie du réseau seulement, à savoir les 265 établissements partenaires. Ce choix représente un nouvel exemple de la politique économique libérale menée par Emmanuel Macron. Il illustre aussi un décalage entre sa belle déclaration de soutien et la réalité, celle de la crise que traverse actuellement le réseau d’enseignement français à l’étranger.

Devant les immortels de l’Académie française, le président de la République a réitéré la promesse faite à la Conférence des Ambassadeurs de sanctuariser le budget de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) à partir de 2019. Le discours a l’ambition d’apaiser les vagues de contestations qui déferlent partout dans le monde depuis plusieurs mois.  

En effet, cette annonce succède à une annulation draconienne de crédits survenue l’été dernier, à hauteur de 33 millions d’euros, qui contraindra l’AEFE à supprimer plus de 500 postes d’enseignants titulaires et à augmenter considérablement les frais de scolarité. Par ailleurs, plusieurs établissements devront nécessairement se doter de nouveaux locaux pour accueillir ces 300 000 nouveaux élèves, alors que la pression foncière est d’ores et déjà pesante dans de nombreux pays. Sans moyen supplémentaire, le doublement des effectifs à marche forcée aura comme seul effet de saturer les classes.

Emmanuel Macron a aussi promis l’ouverture de dix Alliances françaises par an à partir de 2019. Pourtant, la Fondation Alliance française fait face à de profondes difficultés de trésorerie. Au mois de décembre, j’avais proposé un amendement au projet de loi de finances 2018 pour lui apporter une aide ponctuelle. Or, celui-ci a été rejeté par le Gouvernement qui a préféré ignorer ce signal d’alarme.

Sans moyens à la hauteur des enjeux, il ne restera de ce discours prometteur que de faux espoirs et des désillusions.


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