Augmentation des frais universitaires pour les étudiants étrangers : création d’une nouvelle inégalité entre les étudiants

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Le 19 novembre, le Gouvernement a annoncé l’augmentation, à la rentrée 2019, des frais de scolarité pour les étudiants étrangers extra-européens : le coût d’une inscription en licence passera de 170 euros par an à 2 770 euros et celui du master de 243 à 3 770 euros. J’ai des raisons de penser qu’après les étudiants étrangers viendra le tour de tous, avec pour conséquences, à terme, le renoncement aux études supérieures pour les plus démunis ou un surendettement massif pour ceux qui décideraient, malgré tout, de les poursuivre

L’augmentation de ces droits permettrait de compenser très partiellement le manque de ressources des universités. Rappelons que ces droits représentent environ 2% des budgets des universités et 10 à 15% de leurs frais de fonctionnement. Et pour payer ces frais élevés, la solution préconisée le plus souvent est le recours à l’emprunt, au prêt d’études garanti par l’Etat remboursable avec le premier emploi. Aux Etats-Unis par exemple, modèle des promoteurs de ce financement par l’emprunt, la dette contractée par les étudiants est d’environ 25 000 $.

Ainsi, partout où cela a été fait, l’ augmentation des frais d’inscription réservée aux étrangers a conduit à l’augmentation des frais pour tous, puis à l’endettement des étudiants qui voulaient poursuivre leurs études. Elle est injuste car ces augmentations pénalisent essentiellement les familles les plus modestes dont les enfants s’inscrivent dans les premiers cycles universitaires. Les pays qui ont introduit ces frais d’inscription élevés ont vu le nombre d’inscrits chuter dramatiquement dans les années suivant leur introduction. C’est le cas entre autre du Royaume- Uni avec une baisse de 50%.

Premier pays d’accueil non anglophone, la France reste la quatrième destination mondiale pour les étudiants internationaux, mais a perdu sa troisième place ces dernières années au profit de l’Australie qui s’est ouverte à la Chine.

Je partage l’avis des syndicats étudiants selon lequel l’idée d’universalité de l’enseignement supérieur français, accessible à tous quel que soit la nationalité d’origine de l’étudiant doit être garantie. Je ne souscris pas à cette vision libérale de l’Enseignement Supérieur qui fait passer un financement public à un financement par endettement privé. L’université française doit demeurer dans le service public et participer au rayonnement de la France tout autant que nos lycées français à l’étranger. N’oublions pas que la grande majorité des étudiants étrangers que nous formons rentrent dans leur pays avec une solide formation. Nous les retrouvons ensuite dans des postes à responsabilité qui nous permettent d’entretenir des liens étroits avec leurs pays. Cela doit aussi faire partie de notre politique culturelle et éducative que nous menons au niveau international.


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