Mon déplacement en Albanie

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L’Albanie est membre de la plupart des organisations internationales (ONU, Conseil de l’Europe, OSCE dont elle brigue la présidence, OIF et FMI). Elle participe à l’ensemble des initiatives de coopération régionale et entretient une relation privilégiée avec ses partenaires étrangers dont nous faisons partie.

Le dialogue politique entre nos deux pays est continu, facilité par une francophilie et francophonie affichée par les élites albanaises. Aujourd’hui il se nourrit principalement de la détermination albanaise d’ouvrir les chapitres de négociations pour rejoindre l’Union européenne. Pressé à la fois par une volonté d’aller vite pour garder une population trop tentée par l’émigration – la diaspora albanaise est estimée à un million – et la crainte de voir un changement de majorité à la commission européenne basculée contre l’élargissement après les prochaines échéances de 2019 le gouvernement est mobilisé pour réformer le pays en profondeur et moderniser les institutions. Elle a obtenu en 2014 le statut officiel de pays candidat à l’adhésion à l’UE et se sent prête à ouvrir les négociations.

Le traité de coopération signé entre la France et l’Albanie en décembre 1994 symbolise la volonté de nos pays de développer nos relations et peut servir de support pour soutenir le retour de l’Albanie dans l’ensemble européen. Les liens économiques et culturels ne peuvent que se renforcer au vu des efforts déployés par le pouvoir en place et par le maire de Tirana que j’ai rencontré avec son équipe. Nous avons échangé m’a parlé sur le développement de sa ville et du défi que pose l’arrivée de plusieurs milliers de familles chaque année vers Tirana.

Accompagnée par notre ambassadrice Christina Vasak et la première conseillère, Isabelle Le Guellec, j’ai rencontré la ministre de la justice Etilda Gjonaj pour parler de l’ambitieuse réforme de la justice qui a mis à pied près de 40% des juges et procureurs depuis sa mise en œuvre. La lutte contre le crime organisé et la corruption sont les premières mesures de la réforme de l’Etat de droit avec plus de 300 personnes déjà arrêtées.

J’ai ensuite rencontré le vice-ministre de la Défense Petro Koçi qui m’a très justement rappelé l’engagement de son pays en OPEX, notamment au Mali. Nous avons abordé les questions de sécurité et défense régionales.

Avec Madame Mimoza Halimi nous avons abordé les questions de politique extérieure, la francophonie et notamment l’OIF et sa nouvelle présidente.

Afin de mieux comprendre les problématiques qui concernent notre communauté française notre ambassadrice a rassemblé Patrick Pascal, conseiller consulaire, Julien Roche, président de la chambre de commerce France-Albanie, Elisabeth Gjoni, directrice Amadeus et Marie-Thérèse Marchal, cheffe d ‘entreprise dont j’ai eu le plaisir de visiter la pâtisserie.

Afin d’entrer dans le détail des mesures concrètes mises en place dans la lutte anticorruption dans l’Administration et le monde des affaires j’ai longuement échangé avec Pirro Vengu.

Le député et président du groupe d’amitié Albanie-France, Tritan Shehu, était très heureux d’apprendre qu’une délégation du sénat se rendra à Tirana début 2019. Nous avons beaucoup parlé d’échanges et de projets de coopération, plus particulièrement dans le domaine de la santé qui est le sien.

J’ai débuté le deuxième jour de cette mission par une rencontre avec la vice-première ministre, Senida Mesi, de ce gouvernement paritaire pour aborder les questions de migrations, les questions économiques et notre relation bilatérale.

Le directeur du Centre de coordination contre l’extrémisme violent, M Agron Sojati, nous a permis avec l’attaché de sécurité intérieure Thomas Erhardy de comparer nos efforts en matière de contrôle des individus revenus de Syrie et des programmes éducatifs et de formation déployés dans tous les ministères. Le problème est moins important quantitativement que le nôtre mais l’Albanie est un pays de transit. La politique menée est celle de la prévention.

La conférence de presse conjointe qui a suivi ma rencontre avec la présidente des Affaires étrangères Mimi Kodheli m’a permis de déclarer publiquement combien la France ne peut que se réjouir de tous les efforts réalisés par l’Albanie et faire la synthèse de tous les entretiens.

J’ai rencontré la direction de l’école française internationale de Tirana, homologuée depuis 2013 et quelques élèves en centre aéré pendant cette période de vacances. La demande grandissante pousse l’école à s’agrandir.

La visite du centre pour demandeurs d’asile m’a permis de voir combien ce centre ouvert permettait à beaucoup de migrants de se reposer avant de reprendre la route vers le nord. J’ai rencontré une famille palestinienne qui avait fait une demande d’asile. L’augmentation du nombre de certaines nationalités doit nous interpeler sur leur pays d’origine et la politique des visas que nous menons. Par exemple j’ai été surprise de constater le nombre croissant de migrants algériens. La rencontre avec la direction du centre et le représentant de l’UNHCR nous a permis d’aborder les questions d’accueil et de mouvements migratoires au niveau européen.

Soirée politique avec la rencontre des dirigeants du Parti socialiste à leur siège, suivie par un échange au parlement avec de nombreux parlementaires qui ont parlé des lois qu’ils votaient et d’un travail difficile avec une opposition qui refuse de siéger. La loi dernièrement votée interdisant les salles de jeux est en phase avec la lutte acharnée par le pouvoir en place contre le blanchiment d’argent et le crime organisé. Seuls les casinos dans les hôtels seront autorisés. Les parlementaires parlent « d’épidémie » du jeu qui a également des incidences graves socialement.

Enfin la rencontre informelle avec des anciens auditeurs albanais de l’IHEDN, dont l’ancien président Alfrred Moisiu, Kejda Hysenbegasi, la générale Manushaqe Shehu, Briseida MEMA et Kristaq BIRBO nous a permis de compléter notre compréhension des enjeux de ce pays dans une région à laquelle il est important que nous restions très attentifs.

Retrouvez un article, en Albanais, consacré à ma visite :

http://ata.gov.al/2018/10/26/senatorja-franceze-shqiperia-ne-drejtimin-e-duhur-ja-cfare-do-ti-them-macron/

Le retraitement de la conférence de presse :

Point du jour du 29 octobre 2018

un lien vers l’article de l’Ambassade :

https://al.ambafrance.org/Premiere-visite-en-Albanie-de-la-vice-presidente-du-Senat-Mme-Helene-Conway

et un texte publié sur facebook lié au PS albanais :

https://www.facebook.com/psocialiste/posts/10156334650076693

Et voici une interview que j’ai donnée au journal Shekulli relative à la situation en Albanie et notamment la réforme de la justice en cours dans ce pays :

http://shekulli.com.al/conway-mouret-hapja-e-negociatave-po-nese-shqiperia-heq-dore-nga-korrupsioni/

Et en anglais :

1.      HOW DO YOU SEE THE SITUATION IN ALBANIA?

For what I saw over two days of meetings with members of the
Government, the Mayor of Tirana, and members of Parliament, Albania
is a country that is moving forward very fast, with important and
courageous reforms, such as the fight against corruption, the vote
to control gambling -which is considered to be an epidemic and
creating a lot of social problems- and the vetting of judges and
prosecutors. About 50% have been discharged so there will be big
changes in the justice system. It is the first Government with equal
number of male and female ministers. For me, it is a sign of
modernity, a sign of a country that has embraced the subject of
equality between men and women, and a Government which is leading by
example.

2.      DO YOU BELIEVE THAT NEXT JUNE WILL BE A BETTER OPPORTUNITY
FOR

ALBANIA, TO START NEGOTIATION WITH EU?

It is important that Albania proves that it is a serious candidate
to open the negotiation for the opening of “Chapters”. What I
see is that it is using the time very constructively, to ensure that
it is meeting the criteria imposed by the European Union, in terms
of the justice system, the rule of law and everything that is
required in terms of the values defended by the European Union. So
yes, given the number of reforms that are taking place and the speed
with which we see good results, we can consider that Albania will be
indeed in a better position in six months’ time. I regret
President Macron’s position last June at the European summit. It
was a missed opportunity to acknowledge the efforts Albania is
making.

3.      THE OPPOSITION POLITICAL PARTIES ARE NOT IN THE ALBANIA
PARLIAMENT, AND FOR THIS REASON, MANY IMPORTANT LAWS ARE NOT PASSING
THE MAJORITY. WHAT DO YOU THINK ABOUT THAT?

I do not believe that the « empty seat » policy is a good one. One
must always accept the result of an election.  A political party
wins, another one loses but then it is its duty to contribute to the
political and national debate and also to contribute via amendments
to better the law. It is the role that the opposition plays in every
democracy. So it is a position that is to be regretted. As it is
also to be regretted as it could play a very useful role of positive
lobbying with its EPP partners of the European Parliament.

4.      WHAT IS THE REASON OF YOUR VISIT IN ALBANIA?

The first reason is that the Balkans are not very well known in
France. Yet, it is a region which is of geopolitical and strategic
importance to us, from the point of view of the migrations, the
political stability that we need to have, and also from the point of
view of having a continent that will remain at peace, with a larger
number of countries that ensure their security with outside borders
that are well defined and protected. It was my first visit and what
I wanted to do was to see how serious Albania is as regard joining
the European Union. I now have no doubt about the motivation of its
people to indeed join the EU. In terms of security and defence, our
partnership is important. But there are many opportunities to
strengthen our commercial exchanges, boost tourism and extend our
students exchanges in every sector.

5.      WHAT IS YOUR OPINION REGARDING THE JUDICIAL REFORM IN
ALBANIA?

I spent an hour with the Minister for Justice Etilda Gjonaj who went
into great details to describe the reforms she has undertaken. Then
I met with the Deputy minister Teuta Vodo and had a meeting with
members of Parliament on the justice reforms. All I can say is that
these reforms are courageous and necessary. If Albania succeeds to
do away with corruption and organised crime, it is going to
radically change the image of the country, after the results that
are starting to show will come to term. They are absolutely
necessary for the country.


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