Le Téléthon apporte « du lien partout dans le monde »

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Pour sa 32e édition qui débute ce vendredi 7 décembre, le Téléthon peut compter sur l’investissement des Français de l’étranger.

Comment est né le Téléthon à l’étranger ?

L’idée était portée en 2013 par la sénatrice Hélène Conway Mouret. Les dirigeants de l’AFM Téléthon ont décidé de contacter des structures s’occupant de Français installés à l’étranger pour créer des partenariats. Historiquement, les premières à s’associer furent Français du monde-ADFE, l’UFE et l’AEFE.

Cette année, nous sommes rejoints par le Petit Journal et les Compagnons du devoir qui participeront à un grand événement organisé à Édimbourg. Des discussions ont été menées pour savoir s’ils étaient d’accord pour promouvoir le Téléthon via leurs axes de communication. Finalement, la rencontre s’est conclue par la signature d’une convention avec l’AFM (Association française contre les myopathies).

Les démarches sont les mêmes : une fois la demande acceptée, nous envoyons le contrat et le matériel nécessaire pour faire vivre le Téléthon (banderoles, ballons, affiches…). Les fonds sont récoltés par virement bancaire ou sur une page web.

Quel est votre rôle ?

J’ai rejoint l’équipe du service régional de Montpellier en qualité de bénévole en 2014. Beaucoup de personnes méconnaissent l’ampleur du service, alors même qu’il joue un rôle clé. Il est composé d’une équipe qui s’occupe des familles (besoins juridiques, économiques, sociaux….) et les soutient. Ma tâche est la même que celle d’un coordinateur en France : je gère les contrats, les manifestations et donne les accréditations. Je suis le garant du respect de la charte. Tout ce que l’on fait est placé sous l’égide du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et nous nous réunissons régulièrement à Paris avec tous les partenaires afin de reconsolider les liens créés.

Chaque association possède sa propre assemblée générale, souvent nous sommes invités à y participer, ce qui nous permet d’avoir un contact direct. L’objectif, c’est que ce soit un événement franco-français : pour ne pas empiéter sur des associations locales et ne pas enfreindre les lois nationales.

« En seulement cinq ans, une trentaine de pays nous ont rejoints »

Quelle région du monde est la plus active ? Et celle qui l’est moins ?

En tout, cette année, entre 25 et 30 pays vont participer. Le premier était les Pays-Bas et les derniers à nous avoir rejoints sont Cuba et la Corée du Sud. En Asie, et plus particulièrement en Chine, le mouvement a pris une grande ampleur : nous avons aujourd’hui une dizaine de villes partenaires et des relations très fructueuses. Pour le moment, aucune antenne n’existe en Russie et dans les pays nordiques, où les Français sont moins nombreux, mais ils nous soutiennent quand même à leur échelle. Enfin, le Pérou va bientôt nous rejoindre, nous sommes très fiers !

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée ?

La principale difficulté, c’est que les gens ne restent pas sur place. Une personne très investie, qui fait fonctionner le Téléthon et qui part, c’est très difficile pour la relève. Nous avons des problèmes cette année au Maroc avec deux professeurs très actifs qui ont quitté le pays. Il faut une équipe soudée et du soutien pour que le Téléthon perdure.

Sur le plan communicationnel, toutes les photos sont regroupées sur la page Facebook mais en Asie ce réseau social, ainsi que Twitter sont interdits. On communique avec We chat. L’année dernière j’ai été invitée à Shanghai, j’ai visité une toute petite école maternelle et sentir cette envie qu’ils avaient de “faire leur part” et d’aider à la construction de nouvelle ère de guérison était très émouvant. Quand je vois qu’il y a des banderoles partout, je suis heureuse.

Enfin, nous devons faire face à des contraintes locales : l’AFM n’est pas établie comme association dans ces pays, il faut que la diplomatie intervienne. Dans certains, nous ne pouvons même pas faire de collectes, nous utilisons les pages collaboratives sur internet.

L’idée est que tous les Français puissent participer, l’événement doit être festif malgré la douleur. On essayera cette année de faire un Téléthon de remerciement par vidéoconférence mais la difficulté de travail demeure le décalage horaire.

Pouvez-vous nous donner plus de détails sur les événements organisés ?

Ce peut-être un événement sportif : des écoles qui font la course du muscle – le muscle sain au service du muscle défaillant -, des marches des anciens… Au Liban, un tournoi de pétanque est prévu et, cette année, un Téléthon Saint-Nicolas est programmé car, à Beyrouth, il y a une concentration forte d’Alsaciens. Les opérations peuvent aussi être culturelles et se traduire par des ventes de livres ; c’est le cas au Japon. Enfin, c’est l’occasion de mettre à l’honneur la gastronomie française : Christophe Dufossé, chef étoilé, a organisé un grand dîner en Chine.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les défis ?

Chaque antenne du Téléthon est libre de créer son propre défi. Un membre de l’équipe de Shanghai a, par exemple, gravi le Kilimandjaro et le Muztagh Ata avec Eugène, la mascotte du Téléthon qui est un chromosome. Actuellement, Eugène fait le tour du monde. L’idée est de créer du lien, nous nous sommes inspirés du film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain et du nain de jardin. Cela peut sembler un peu utopique au début mais ça a généré un réel engouement.

Les autorités locales sont-elles réceptives ?

Les ambassadeurs aussi bien que les consuls nous aident et nous ouvrent des portes. Des politiques s’y intéressent de près mais il est important de rappeler que le Téléthon est apolitique, il faut éviter toute récupération, de quelque bord que ce soit.

II y a deux ans, nous étions reçus à l’Élysée, ce qui est quand même une référence par rapport à l’association. Cependant, la communication qui entoure le Téléthon à l’étranger est encore perfectible : pendant les trente heures de l’événement en 2017, on en a parlé mais pas suffisamment et beaucoup de gens ne connaissent pas encore nos actions.


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