Mon intervention lors de la conférence interparlementaire sur la PESC/PSDC

Partager cet article

Vendredi 4 septembre, j’ai participé à la Conférence interparlementaire sur la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et sur la politique de sécurité et de défense commune (PSDC).

Je salue l’engagement et la résilience du Bundestag allemand, qui a organisé cette rencontre en visioconférence, compte-tenu du contexte sanitaire particulier. En effet, alors que la pandémie de Covid-19 a bouleversé l’échiquier géopolitique mondial, il est essentiel que les États-membres poursuivent leurs échanges et maintiennent une étroite coopération. 

Lors de mon intervention, c’est tout particulièrement sur cette solidarité au sein de l’Union européenne, qui s’est manifestée dans les domaines sanitaire et économique, et que nous devons étendre à la sécurité et à la défense, que j’ai souhaité interroger mes homologues. 

Retrouvez ci-dessous le texte de mon intervention, le programme de la conférence ainsi que la déclaration des coprésidents, Dietmar Nietan et David McAllister.

***

Mon intervention :

Nous commençons à tirer les leçons de la crise sanitaire du Covid-19, qui pouvait potentiellement déclencher une crise économique et sociale sans précédent en mettant nos pays à l’arrêt.

Les gouvernements ont choisi l’humain avant l’économie. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais c’est quand même l’humain qui va payer le prix de la politique de confinement, avec la tentation de prioriser la santé, l’éducation et le social dans les différents pays.  

Pas de polémique de ma part. Simple constat.

Paradoxalement, au lieu d’être un facteur de désintégration, l’épidémie a eu un effet d’activateur. L’audacieux plan de reprise des économies de l’Union européenne a relancé le projet européen en consacrant le principe de solidarité. 

Si, à l’intérieur, l’UE s’organise lentement mais sûrement, elle demeure un havre de paix et de stabilité, au regard des crises rappelées ce matin par le Haut Représentant Josep Borrell, en Libye, au Sahel, au Liban, en Syrie, ou en Méditerranée orientale, où une Turquie très revendicative fait monter la tension. Les mouvements de contestation en Biélorussie s’ajoutent au problème ukrainien et l’empoisonnement de l’opposant Alexei Navalny complique les relations avec la Russie. 

Alors que l’allié américain affronte, sur le plan économique, le géant chinois, les États-Unis choisissent en même temps de se retirer des instances internationales, ce qui met à mal le multilatéralisme mais également l’application des règles internationales. Qui s’assurera à l’avenir qu’elles sont respectées ? Ce n’est pas le moment de faire preuve d’inertie. 

Tout cela est factuel, mais important pour réfléchir au rôle de l’UE. 

Dans ce contexte de grandes tensions politiques, tout affaiblissement de l’Europe ne fera qu’accentuer les visées stratégiques des autres blocs. On ne se déguise pas en mouton, quand on est entouré de loups.

Il est donc urgent que les Européens prennent leur sécurité au sérieux et apportent collectivement les moyens nécessaires à la défense de leurs intérêts, car aucun pays ne peut faire face seul à la Russie ou la Chine. 

Comment alors expliquer les réductions substantielles du Fonds européen de défense, qui devait financer l’innovation, la mobilité militaire et bon nombre de projets pour contrer les attaques cyber et la désinformation et ainsi assurer notre sécurité collective et celle de notre système démocratique aujourd’hui et demain ? Je partage la déception de Nathalie Loiseau et la proposition de madame Kempin de dépenser une partie des budgets nationaux pour un fonds commun. Nous ne serons crédibles pour nos alliés, et notamment les États-Unis, que si nous sommes forts et capables de tenir notre place. 

Comment la solidarité sanitaire timide mais qui a fonctionné, et maintenant économique dont sait faire preuve l’UE, peut-elle être étendue au domaine de la défense et de la sécurité pour protéger les citoyens européens, et j’inclue les Britanniques ? 

Comment inciter les pays partenaires à s’engager, au-delà des grands projets industriels, tels le SCAF ?

Enfin pensez-vous que la boussole stratégique, dont nous avons beaucoup parlé, puisse être l’un des premiers éléments d’un Livre blanc européen de la défense, qui est aujourd’hui le chainon manquant entre la stratégie globale de l’UE, les processus capacitaires et les dispositifs opérationnels existants ?

Le programme de la conférence :

La déclaration des coprésidents :


Partager cet article