Conclusions de la commission d’enquête sur la gestion épidémique : défaut de préparation, de stratégie et de communication

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La commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire a mis directement en cause la responsabilité du directeur général de la Santé sur la pénurie de masques dont a souffert la France au printemps.

Les sénateurs ont exprimé leur incompréhension à la suite de la décision de Monsieur Jérôme Salomon en octobre 2018, de ne pas avoir renouvelé le stock de masques chirurgicaux face à leur date prochaine de péremption et, ce sans prévenir la ministre de la santé, Agnès Buzyn.  Les élus ont rappelé que le stock de masques s’établissait à 754 millions d’unité fin 2017, il n’était plus qu’à 100 millions fin 2019, une perte conséquente pour anticiper toute crise épidémique.

Monsieur Salomon est également accusé d’avoir fait modifier les conclusions d’un rapport d’experts qui préconisait en 2019, la constitution d’un « stock élevé, probablement d’environ un milliard de masques chirurgicaux ». Les échanges de courriels entre la direction générale de la santé et Santé publique France atteste d’une pression de Monsieur Salomon sur l’agence afin qu’elle modifie la formulation des recommandations de ce rapport en faisant disparaitre la référence à la taille du stock. La diminution et la quasi-disparition du stock de masques FFP2 qui sont les plus protecteurs pour les soignants dans les années 2010, pose également question, alors que cette décision va aussi à l’encontre des recommandations des experts.

L’impréparation de l’Etat à faire face à une crise épidémique était connue depuis le 13 mars 2020 et pourtant de nombreux responsables de l’administration interrogés par la commission d’enquête ont nié en avoir eu connaissance. Cela a eu de graves conséquences pour nos concitoyens qui s’ils en avaient eu, auraient pu se protéger en portant un masque dès le mois de mars. Cela a également conduit l’Etat a acheter massivement et en urgence des masques sur le marché à des prix exorbitants.

Les sénateurs ont dénoncé un défaut de préparation, de stratégie, de communication. Ils ont recommandé la création d’une instance nationale d’expertise scientifique unique chargée de conseiller de façon indépendante les pouvoirs publics, ainsi que la création d’un délégué interministériel à la préparation et à la réponse aux urgences sanitaires.


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