PLF 2022 – Mon intervention lors de l’examen du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde »

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Début novembre, je suis intervenue lors de l’examen, par la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat, du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde ». J’ai tenu à rappeler les effets délétères des années de coupes budgétaires subies par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en particulier leurs répercussions sur les personnels diplomatiques et consulaires. Le manque d’effectifs s’est révélé de façon criante lors de la pandémie, au cours de laquelle tous les agents ont fait de leur mieux pour continuer à fournir un service de qualité aux Français de l’étranger et à donner une belle image de la France. J’ai également exprimé mes réserves quant à la réforme de la haute fonction publique, qui nie la spécificité des métiers diplomatiques et consulaires. 

Retrouvez l’intégralité de mon intervention ci-dessous : 

Mme Hélène Conway-Mouret – Je remercie nos rapporteurs pour leurs analyses et les propositions formulées. Je rejoins toutefois ma collègue. Je trouve assez paradoxal d’envisager de se réjouir d’une stabilisation des moyens alors qu’une augmentation apparaît évidemment nécessaire. Nous voyons aujourd’hui que les équipes consulaires et diplomatiques sont en souffrance. On connaît nombre de burn-out de gens qui ont essayé de faire au mieux et qui ont cumulé des retards phénoménaux avec la fermeture des consulats pendant la pandémie et l’inadaptation des outils au télétravail. Nous devons avoir sur ces sujets une réflexion et devrions être plus revendicatifs pour soutenir ce réseau diplomatique qui fait des miracles. Nous observons des équipes qui sont a minima et qui continuent à fonctionner et à donner une belle image de notre pays. Il me semble que nous devons les aider en dénonçant le manque de moyens, ce que nous avons déjà fait. Cependant dénoncer en votant le budget année après année n’est peut-être pas la meilleure façon de procéder.

Je voulais également signaler que je suis en désaccord avec le terme de rapatriement, utilisé pour les 370 000 Français qui sont rentrés en France lors de l’épidémie. Cela n’a pas été un rapatriement. Un rapatriement c’est lorsque l’on met les gens dans un avion et qu’on les ramène en France. Les Français qui se trouvaient à l’étranger ont tous acheté leur billet pour rentrer en France, parfois ils ont dû l’acheter plusieurs fois parce que les vols été annulés. Ils ont vu leur retour facilité par le réseau diplomatique mais il n’y a pas eu de rapatriement en tant que tel. Nous en avions discuté avec le ministre qui avait utilisé ce terme au départ, ce qui avait créé un mouvement de foule vers les consulats qui n’étaient pas en mesure de le gérer, faute d’avoir des avions à disposition.

Mon dernier point concerne la réforme en cours du réseau diplomatique. Il faut que nous fassions très attention. Nous avons un réseau diplomatique qui a fait ses preuves depuis très longtemps. Il ne faut pas casser ce qui marche. Je comprends la tentation qui consiste à montrer qu’une grande réforme est en cours, mais il convient d’être très attentif à la façon dont ceci va être mené. Être en poste à l’étranger, ce n’est pas être en poste en préfecture et en changer tous les trois ans. Quand on passe d’un poste comme Bagdad au Luxembourg, ce n’est pas du tout le même travail pour le diplomate qui est en charge du fonctionnement du poste. Je crois qu’il y a une spécificité diplomatique et j’encourage notre commission à être très vigilante à ce qui est fait dans la réforme en cours. Nous devrions la suivre de façon très précise. Nous avions un outil qui s’appelait l’administration numérique pour les étrangers en France (ANEF) qui a été supprimé, il a fallu trois ans pour trouver un nouvel outil qui n’est pas du tout satisfaisant. On a cassé un outil pour ensuite seulement se demander ce qu’on allait faire. Ne laissons pas casser l’outil diplomatique sans réfléchir d’abord à ce qui va en être fait, il est trop précieux et trop important pour nous.


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