La feuille de route de l’influence du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

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J’ai assisté à la présentation par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de la feuille de route de l’influence qu’il avait annoncée lors de son audition sur le projet de loi de finances 2022 devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.

Ce document part du constat qu’il existe aujourd’hui une « bataille des narratifs et, in fine, des modèles ». Dans ce contexte, l’influence devient tout à la fois un enjeu de la compétition internationale et une source de puissance, au même titre – voire davantage – que la force militaire.

Il rappelle utilement que la France dispose de nombreux atouts et dresse six priorités stratégiques pour la diplomatie d’influence française à l’horizon 2030 : la langue française, au service du plurilinguisme, de l’éducation et de l’insertion professionnelle de la jeunesse ; l’enseignement supérieur, la recherche et un réseau scientifique au service des biens publics mondiaux ; la relance des industries culturelles et créatives pour la France, l’Europe et la francophonie dans l’après-pandémie ; les médias pour une information internationale accessible, pluraliste et de qualité dans un contexte de désinformation ; les think tanks et la diplomatie des idées ; et enfin le renforcement de notre influence dans le système multilatéral et de l’attractivité du territoire français pour les organisations internationales.

Au fil des années, un fossé s’est creusé entre des ambitions toujours plus grandes en matière de diplomatie culturelle et les moyens qui n’ont cessé de diminuer et ce d’autant plus facilement que ces coupes budgétaires ne sont pas visibles en France. Pourtant, le préjudice qu’elles portent au rayonnement de la France à l’étranger est, lui, bien réel. 

Force est de constater que les actes contredisent l’objectif de faire de la diplomatie culturelle et d’influence un véritable levier de puissance pour la France sur la scène internationale. En effet, les fermetures d’Instituts français en attestent. Après celui de Valence qui a fermé en juin 2021, c’est celui d’Oslo qui est menacé : aujourd’hui réduit à quelques bureaux, ses professeurs de langue ont été licenciés. En outre, l’audiovisuel public extérieur voit son budget diminuer de 500 000 euros alors même que les audiences ont progressé durant la pandémie et que les médias constituent l’un des axes prioritaires de la feuille de route présentée par le ministre. 

La mise en œuvre de la feuille de route de l’influence nécessite un changement d’approche : la culture doit cesser d’être la variable d’ajustement. Dans le cas contraire, cet effort de définition d’une stratégie à l’horizon 2030 aura été vain.

 

La feuille de route de l’influence est accessible dans son intégralité sur le site du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/missions-organisation/feuille-de-route-de-l-influence/article/jean-yves-le-drian-presente-la-feuille-de-route-de-l-influence-de-la-diplomatie


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